De la noirceur à la lumière : un chemin long et difficile

NDLR :Dans le cadre de la semaine québécoise du traumatisme craniocérébral, du 16 au 22 octobre, L’Éclaireur-Progrès a choisi de publier le témoignage de Bernard Poulin, atteint d’un traumatisme crânien sévère. Le 30 décembre 2010 alors âgé de 53 ans, la vie du Beauceron Bernard Poulin bascule. Un simple malaise vagal (perte de conscience) dans une salle de bain aurait pu lui être fatal.

En perdant connaissance, le Georgien Bernard Poulin se fracasse la tête sur le coin du lavabo et s’effondre au sol. Sa tête va frapper durement le plancher. Il est dans le coma lorsqu’il est transporté à l’hôpital de Saint-Georges où il ne restera qu’une demi-journée. Les blessures à la tête sont trop graves et son état n’est pas stable. Il est donc intubé à l’hôpital, fait un arrêt cardiaque et est transporté à l’Enfant-Jésus à Québec. Il reste trois jours dans le coma et les médecins le replongent dans un coma artificiel pour quatre ou cinq jours de plus. Bernard Poulin ne s’en souvient plus. «Ça m’a pris trois semaines avant de revenir sur la terre, de reconnaître ma femme et mes enfants», explique M. Poulin. Le diagnostic des médecins est sans appel. Bernard Poulin a subi un traumatisme crânien sévère.

Pendant trois semaines, il est hospitalisé au département de traumatologie. Sa tête est déformée. «C’est comme s’ils (les médecins) avaient redémarré mon cerveau. Je ne m’en souviens plus, mais on m’a dit que j’avais de la difficulté avec la lumière et le son. Et quand j’ai reconnu ma femme, je me souviens, c’est comme si tu vois tout d’un coup», mentionne-t-il.

M. Poulin est ensuite transféré au centre François-Charron où il entreprend la réhabilitation. Ergothérapie et physiothérapie intensive l’aident à retrouver sa motricité. Selon son fils Samuel, Bernard Poulin a dû réapprendre à lire, écrire, conduire, etc. «Comme j’aime beaucoup la cuisine, ils m’ont fait cuisiner, mais j’avais perdu le goût. Les aliments avaient changé de goût», se remémore-t-il.

Séquelles

Si Bernard Poulin a accepté de faire ce témoignage, c’est qu’il n’a conservé que des séquelles légères de son traumatisme crânien. Cinq ans après la chute, il manque encore de concentration. Il cherche aussi souvent les noms des gens qu’il connaît depuis longtemps ou les dates. Il a aussi perdu 40 % de son ouïe d’une oreille. Il a de la difficulté à conserver son équilibre s’il regarde en hauteur et il est plus fatigué qu’avant.

Il se considère chanceux dans sa malchance, car certains traumatisés crâniens ont des séquelles beaucoup plus importantes comme des accès de colère, des troubles de l’humeur, de l’anxiété, de l’impulsivité, de l’agressivité, des problèmes de compréhension ou de jugement, des problèmes de coordination, de la paralysie ou autre. Chaque traumatisé crânien a des séquelles différentes et récupère à son rythme. «Ce que je retiens c’est que c’est très long. Ça prend beaucoup de patience», ajoute M. Poulin.

Selon lui, le traumatisme cranio-cérébral est inconnu de la plupart des gens et un peu tabou. «Le monde ne réalise pas à quel point le cerveau est fragile. Il y a un manque de compréhension des gens. Ce n’est pas à la personne qui subit le traumatisme de l’expliquer», affirme-t-il.

Par son témoignage, il souhaite sensibiliser la population à la réalité que vivent les personnes ayant un traumatisme cranio-cérébral.

Une année difficile

Bernard Poulin confirme que l’année 2011, après sa chute, n’a pas été de tout repos. Alors qu’il était en réadaptation, il a contracté un mal de gorge qui s’est avéré être un cancer très agressif. Il a dû être opéré et faire de la radiothérapie. Atteint d’insuffisance rénale depuis son enfance, la force des médicaments qu’il a dû prendre pour s’en sortir a dégradé ce qu’il restait de ses reins. Encore aujourd’hui, il doit faire de la dialyse trois fois par semaine, mais au moins, il est vivant. Malgré tout, il s’implique dans différentes causes, dont le comité des usagers du CISSS-CA tout en étant consultant à temps partiel.

Une association offre des services à Saint-Georges

L’Association des TCC (traumatisés cranio-cérébraux) des deux rives (Québec – Chaudière-Appalaches) a un point de service au Pavillon du cœur Beauce-Etchemin, à Saint-Georges.

L’organisme offre des services de soutien psychosocial autant pour la personne TCC que pour ses proches. On y offre du répit aux familles et du soutien à domicile, des activités sportives et des activités qui stimulent le cerveau, adaptées à la condition de chaque personne. En plus, l’Association organise régulièrement des déjeuners-causeries, ce qui permet aux TCC d’échanger et de partager leur vécu. Parmi l’offre de service, se retrouvent aussi des ateliers de chant, de création ou de peinture.

Pour plus d’informations sur l’Association des TCC des deux rives (Québec – Chaudière-Appalaches), consultez le www.tcc2rives.qc.ca ou appelez directement au 418 313-6500 ou sans frais au 1 866 844-8421.