Taux de mortalité élevé dans certaines ruches 

Une propagation importante du parasite varroa, amalgamée à des conditions météorologiques exceptionnelles, ont causé la mort de plusieurs abeilles dans nos ruches. Certains apiculteurs devront revoir leur plan d’affaires en production de miel et services de pollinisation.

C’est le cas chez Miel de Beauce à Tring-Jonction. L’entreprise possède 458 ruches. En faisant le tour de celles-ci, son propriétaire Marquis Lessard a constaté un taux de mortalité avoisinant 65 %.

« Normalement, c’est autour de 15 %. Nos traitements contre le varroa n’ont pas aussi bien marché l’année dernière. C’est un problème qui affecte presque tous les apiculteurs au Canada. Plusieurs bleuetières, auprès de qui j’avais des contrats de pollinisation, ont aussi vécu d’importantes gelées en 2021 », précise M. Lessard.

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a publié un avis sur les niveaux d’infestation préoccupants du varroa. 

« Une diminution d’efficacité du traitement Apivar (amitraze) a été rapportée au Canada. Les apiculteurs ayant utilisé l’Apivar l’automne dernier, et ceux qui songent à l’utiliser ce printemps, doivent dépister les niveaux de varroa présents dans leurs ruches avant et après le traitement afin d’en vérifier l’efficacité », explique le MAPAQ.

Marquis Lessard utilise ce produit chimique pour contrer le varroa, mais également des acides organiques comme produits naturels. Sur le plan météo, le long été en 2021 a favorisé l’augmentation des cycles du varroa. L’hiver très froid que nous venons de connaître, combiné à un début de printemps exécrable, n’a fait qu’ajouter un poids supplémentaire sur la survie des abeilles.

« Je vais me concentrer sur une seule miellée (récolte) au lieu de trois. Je dois recréer de nouvelles colonies, mais trouver et acheter des reines ne sera pas évident », affirme M. Lessard.

Appels fruitiers 

Sophie Roy, propriétaire de la Miellerie de Sophie à Notre-Dame-des-Pins, n’avait pas rouvert l’entièreté de ses 225 ruches au moment d’écrire ces lignes. Elle constatait alors un taux de mortalité de 10 %, pourcentage sous la moyenne du cycle normal de processus d’hivernation des abeilles.

« Je me considère chanceuse pour la production de miel, mais 40 % de mes revenus viennent de mon service de pollinisation. Je reçois beaucoup d’appels de producteurs de bleuets et canneberges. Ils sont incapables de trouver assez d’abeilles ici et ça coûte cher d’en importer », indique Mme Roy.

Miser sur le bio 

La miellerie Douceur des Appalaches, à Lac-Etchemin, mise sur une culture entièrement biologique. Sa propriétaire, Claude Dufour, utilise notamment l’acide formique et l’acide oxalique pour contrer les maladies dans ses ruches.

« En six ans d’existence, je n’ai connu aucune mortalité. Mon environnement de travail est sans pesticide, dans une optique de régie apicole serrée. En n’offrant pas mes services en pollinisation, j’évite de transporter des maladies dans ma quarantaine de ruches placées autour du mont Orignal », explique Mme Dufour.

Titulaire d’une maîtrise en biologie, elle prône une révision du modèle de la culture apicole.

« Un parasite comme le varroa peut affecter l’abeille dès son état de larve. Ça demande plus de surveillance et la volonté de faire des recherches afin d’éradiquer le problème », dit Claude Dufour.