Une facture de 20 M$ pour les éleveurs de porcs 

Les Éleveurs de porcs du Québec devront rembourser quelque 20 M$ à l’entreprise Olymel pour les frais que celle-ci a dû assumer pendant la grève des employés de son usine de Vallée-Jonction.

Ces frais comprennent notamment les coûts de détournement des animaux vers d’autres abattoirs pendant les quatre mois de grève, afin d’éviter l’accumulation des porcs dans les élevages. Le tout est conforme à la Convention de mise en marché des porcs actuellement en vigueur qui prévoit que, dans une telle situation, ces frais doivent être partagés à parts égales entre les transformateurs et les éleveurs, confirme le premier vice-président d’Olymel, Paul Beauchamps.

« Le porc n’est pas un secteur contingenté proprement dit, mais il y a un plan conjoint. On négocie une convention de mise en marché que l’on présente devant la Régie des marchés agricoles », explique-t-il.

Directeur général des Éleveurs de porcs du Québec, Alexandre Cusson, évalue lui aussi les impacts de la grève à cette hauteur. « On parle de 18 à 20 M$. Nous sommes en train d’évaluer tout ça. Dans le passé, les coûts étaient presque entièrement assumés par les producteurs. Tout ça a évolué dans le temps.

M. Beauchamps ajoute que ce mécanisme n’avait jamais été utilisé dans le passé. « Il y a eu très peu de grèves ou de lock-out dans le passé, alors on n’en avait pas eu besoin. Dans ce cas-ci, Olymel gérait la chose, mais a accumulé les factures. »

Le conflit de travail, qui avait débuté il y a un an presque jour pour jour, soit le 28 avril 2021, s’est finalement terminé à la fin du mois d’août. M. Cusson estime que la situation actuelle amènera assurément les Éleveurs à revoir la convention de mise en marché qui vient à échéance à la fin du mois. » La grève a été longue, soit 18 semaines, alors évidemment on veut rediscuter de ces modalités-là, car il doit y avoir une limite à ce que ça coûte aux producteurs qui ne sont pas assis autour de la table des négociations. Ce n’est pas de la faute des producteurs s’il y a eu une grève.

Sans toucher à l’aspect des services essentiels, il ajoute qu’il faudra trouver une façon d’avoir des services minimaux, si d’autres conflits de travail devaient survenir. « Les éleveurs sont préoccupés par le bien-être animal. Les porcs qui grossissent brisent les installations, il y a eu un taux plus élevé de mortalité dans les transports et tout ça a eu un effet néfaste sur les liquidités des producteurs. »

Ainsi, dans sa décision rendue le 4 avril dernier, la Régie autorise le prélèvement des sommes payables à Olymel à partir des contributions des éleveurs. Compte tenu de l’importance de la somme, les Éleveurs veulent amortir les versements sur une période de 12 mois. Le montant exact qui sera réclamé à chaque producteur sera fixé à près de 3 $ du porc, au cours de la prochaine année.

M. Cusson confirme que les producteurs assumeront leur partie de la facture. « Les Éleveurs de porcs avaient déjà accepté l’automne dernier le mode de répartition du remboursement. La Régie a toutefois jugé que ce n’était pas la bonne façon de faire, préférant plutôt le principe d’une cotisation spéciale. Nous allons revenir devant les producteurs en juin pour faire entériner la façon de le faire », explique-t-il en terminant.