Blocus ferroviaire: inquiétudes dans les commerces, chez les manufacturiers et les agriculteurs

Le blocus ferroviaire des Premières Nations qui empêche la circulation des trains au pays aura bientôt des répercussions partout, même en Beauce.

«Pour l’instant, les distributeurs et les grandes chaînes font une gymnastique incroyable pour garder les tablettes pleines dans les commerces de détail. Mais c’est une question de jours avant qu’il ne manque des produits», précise Jean-François Belleau, directeur des relations gouvernementales au Conseil canadien du commerce de détail.

Selon lui, bien des distributeurs ont de la difficulté à faire parvenir les denrées nécessaires. «Les produits frais seront les premiers à être touchés, bref, ceux que les grandes chaînes ne peuvent pas stocker. Viendront ensuite les produits périssables importés, ce qui vient d’Europe ou d’Asie», ajoute-t-il.

M. Belleau ajoute que toutes les farines et les huiles de canola transportées par train arrivent de l’Ouest canadien. Les grands producteurs de pain commencent donc à être à court de farine. «Il est possible qu’on ait une pénurie de pain. Les compagnies pédalent pour maintenir leur production. Les compagnies de croustilles aussi n’ont presque plus d’huile de canola pour produire», affirme-t-il.

Selon le Conseil canadien du commerce de détail, les impacts devraient se faire sentir dès la semaine prochaine. Pas seulement dans les épiceries, mais également du côté des pharmacies. «Il y a énormément de produits pharmaceutiques qui arrivent par conteneur de l’Asie, par exemple les seringues jetables.

Grandes entreprises

Plus près de chez nous, les entreprises de la Beauce ont aussi des difficultés d’approvisionnement et de transport. C’est le cas chez Groupe Canam à Saint-Gédéon. «Le transport de plaques d’acier à notre usine de Québec ou de Saint-Gédéon-de-Beauce, ainsi que l’expédition des produits finis, qui se font par train, doivent être, quand c’est possible, effectués par des camions à des coûts beaucoup plus élevés», énonce le vice-président senior aux approvisionnements, Michael Burnet.

Le blocus ferroviaire a également d’autres impacts dont un possible manque d’acier à l’usine de Calgary, car cette matière première arrive par train. Cela pourrait causer des retards ainsi que des pénalités pour l’entreprise. Quant à l’usine de Laval, qui attend de nouveaux équipements provenant de l’Ouest canadien, cela pourrait être retardé. L’entreprise invoque également la difficulté d’avoir des camions pour les livraisons ou expéditions en raison de la demande plus forte causée par le blocus ferroviaire.

Chez les producteurs

Le propane ne circule plus sur les voies ferrées du pays depuis près de trois semaines, au moment d’écrire ces lignes. «Mon fournisseur nous a déjà dit qu’il est en mode rationnement», explique Jean Lambert, premier vice-président de l’UPA Chaudière-Appalaches.

Celui qui est également producteur de poulet mentionne que les poussins ont besoin de beaucoup de chauffage (au propane) pour survivre. «En maternité porcine, c’est aussi important. Par chance, il n’y a pas de séchage de grain à ce temps-ci de l’année», ajoute M. Lambert.

Ce dernier craint aussi que des entreprises manquent de certains aliments utilisés dans la fabrication de la moulée pour les animaux. «Comme la moulée n’est habituellement pas la base de l’alimentation des troupeaux, il n’y a donc pas beaucoup de stockage de nourriture», souligne-t-il.

Personne ne peut dire quand la situation se résorbera ni combien de temps sera nécessaire pour rattraper les retards encourus par la situation.

Bon à savoir

-En moyenne un train équivaut à 300 semi-remorques.

-Le faire rouler une locomotive est moins polluant qu’une flotte de camions.

-Les entreprises, qui doivent se tourner momentanément vers l’industrie du transport par camion, auront des augmentations de coût de 20 à 30 % selon Jean-François Belleau.