Des petites municipalités qui doivent entretenir de longs chemins

Rouler sur des chemins bien entretenus est une priorité pour la majorité des Beaucerons. Certaines petites municipalités sont toutefois désavantagées en ayant plusieurs kilomètres routiers sous leur juridiction et une petite population pouvant aider à financer l’entretien.

Afin de dresser un portrait de cette situation, le journal a divisé le nombre de résidents de 26 municipalités sur son territoire par le total de kilomètres sous la responsabilité de chacune d’elles. Ceci exclut les routes entretenues par le ministère des Transports du Québec (MTQ).

Notre-Dame-des-Pins sort grande gagnante avec un ratio de 77 résidents pouvant financer chaque kilomètre. Il s’agit d’une des rares municipalités où le nombre de kilomètres à entretenir (18) est plus petit que le nombre de chemins municipaux (24).

Le plus grand écart entre ces deux données est à Saint-Victor avec 44 chemins et 125 kilomètres. Dans cette municipalité, le ratio est de 19 résidents par kilomètre.

Sept municipalités possèdent un ratio encore plus faible. Saint-Hilaire-de-Dorset figure au dernier rang avec cinq résidents par kilomètre.

Démographie et exode

Pour Pierre Bégin, maire de Notre-Dame-des-Pins et préfet de la MRC Beauce-Sartigan, la croissance démographique et l’exode des campagnes sont deux facteurs-clés influençant la qualité des routes municipales.

«Chez nous, presque toutes les nouvelles constructions ont lieu dans notre secteur urbain. On ne construit pas des rues si nous n’avons pas la confirmation que des gens viendront rester là», mentionne Pierre Bégin.

Les chemins moins entretenus sont surtout situés dans les secteurs ruraux où les résidents sont moins nombreux. Parfois très longues, certaines routes ne sont pas asphaltées et ainsi plus sujettes à l’endommagement.

Pour augmenter la population dans les secteurs ruraux et ainsi financer des chemins plus carrossables par la participation citoyenne, l’une des solutions de Pierre Bégin serait que les MRC puissent décident elles-mêmes de changer des zonages d’agricole (vert) à résidentiel (blanc).

«Les MRC ont la compétence nécessaire de faire ce travail effectué par la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ). S’il n’y a pas un impact négatif sur l’agriculture, on émet les permis de construction immédiatement au lieu de perdre du temps», précise Pierre Bégin.

Le fait que le gouvernement provincial ait remis la responsabilité de l’entretien des routes locales aux municipalités en 1992 a aussi joué dans la balance selon Pierre Bégin.

«Les budgets n’ont pas suivi et ça a été plus dur de s’adapter à certains endroits. Ce n’est pas une situation qui va se régler du jour au lendemain», admet-il.

Vivre avec notre réalité

Même si Saint-Victor doit entretenir 125 kilomètres de chemins sous sa juridiction, cette situation ne stresse pas le maire Jonathan V. Bolduc.

Celui-ci estime que la municipalité de 2436 résidents entretient bien ses chemins sans se ruiner.

«On doit fonctionner avec notre réalité. Nous avons travaillé à rembourser la dette municipale et revu chaque poste de dépense pour nous laisser une marge de manoeuvre afin d’avoir de belles routes», dit-il.

Le maire souhaite asphalter à moyen terme un maximum de chemins en terre, même si la dépense initiale est plus élevée.

«Pour l’asphalte, on ne refait que le lit (surface) par la suite au besoin. Sur un chemin de terre, ça demande plus de travail chaque année avec le nivelage et plusieurs voyages de terre pour boucher les crevasses. On doit vivre aussi avec la réalité de l’hiver», rappelle Jonathan V. Bolduc.

Chemins municipaux et kilomètres à entretenir