Des producteurs de bois de sciage frustrés par les prix de vente

Des producteurs de bois sont frustrés par le prix qu’ils reçoivent des scieries pour leur bois de sciage alors que ces entreprises le revendent deux fois plus cher.

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C’est le cas de Robert Poulin qui demeure à Saint-Théophile. Il affirme recevoir environ 500 $ pour un voyage de bois alors qu’une fois transformé, les scieries vendent ce même voyage entre 1100 et 1200 $. « Cela ne compte pas les résidus qu’elles peuvent vendre également comme le bran de scie et les écorces », affirme-t-il.

« On protège les cultivateurs avec la gestion de l’offre, mais il n’y a rien pour les producteurs de bois », ajoute-t-il.

Offre et demande

Ce déséquilibre entre le montant reçu par les producteurs et le prix de vente des scieries est causé par une double situation d’offre et de demande selon le président de l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB), Éric Cliche. « Depuis les cinq dernières années, il y a une plus grande quantité de bois qui se bûche, notamment en raison de la mécanisation », indique-t-il.

Cela crée une plus grande quantité de bois qui se rend au moulin. « Pendant plusieurs années, il y avait une quantité légèrement inférieure d’arbres qui étaient coupés par rapport à notre possibilité forestière. Présentement, le rythme d’abattage est légèrement au-dessus de cette capacité. Mais cela va s’équilibrer au fil du temps », poursuit le président de l’APBB.

Il y a donc beaucoup de bois abattu présentement en Beauce, en plus du bois qui provient d’autres régions, mais aussi de l’Ontario et des États-Unis. L’autre effet d’offre et de demande se situe au niveau des entreprises de sciage. La COVID-19 a entraîné une hausse énorme de la demande de bois, que ce soit pour la rénovation et la construction résidentielle ou pour l’exportation.

« Les scieurs profitent donc d’une abondance de bois qui leur permet de garder les prix bas et profitent d’une demande très forte pour le bois scié et les prix internationaux sont élevés », résume M. Cliche, soulignant que ce ne sont pas les quincailleries de la Beauce ou du Québec qui influencent le prix du bois, mais les marchés américains.

Celui-ci dit comprendre la frustration des producteurs de bois scié, mais ajoute qu’il ne peut pas ne pas s’en réjouir pour les scieries. « Elles font partie de l’économie de la région. Plusieurs usines de sciage font faire des investissements majeurs au niveau de l’optimisation de leur usine. Il faut saluer cela, car nous sommes chanceux en Beauce d’avoir plusieurs scieurs privés qui investissent massivement », insiste-t-il.