Don d’organes dans un contexte d’aide médicale à mourir : trois fois plus de donneurs en cinq ans au Québec

SANTÉ. Selon le bilan statistique annuel de Transplant Québec, la province a enregistré une progression de plus de 130 % des références pour don d’organes en contexte d’aide médicale à mourir (AMM).

Sur 584 organes transplantés au Québec, quatre organes provenaient d’un seul donneur en Chaudière-Appalaches. Dans la région, on compte 26 personnes en attente d’une greffe d’un rein ou du foie et 14 personnes ont été transplantées l’année dernière.

Dans la dernière année, près de 15 % des donneurs d’organes ont préalablement eu recours à l’AMM. La majorité d’entre eux (près de 85 %) avaient reçu un diagnostic prépondérant d’une maladie neurodégénérative ou neurologique. « La pratique du don d’organes dans un contexte d’AMM est récente. Elle nécessite des adaptations importantes aux pratiques habituelles de Transplant Québec et des établissements de santé, notamment par le fait que le donneur est conscient et apte à donner lui-même son consentement », précise Sylvain Lavigne, directeur des soins infirmiers et du soutien aux établissements chez Transplant Québec, en dressant la rétrospective des cinq dernières années.

La Loi concernant les soins de fin de vie permet aux Québécois, selon leur condition de santé, de recourir à l’AMM depuis 2015. Les deux premiers cas de don d’organes en pareil contexte ont été réalisés en 2017 à l’initiative de personnes en fin de vie.

« Près de 5 Québécois sur 10 signifient leur désir du don d’organes à leur décès, mais seulement 1 % de tous les décès peuvent être considérés comme donneurs potentiels. Pour que des organes soient prélevés, il faut que la personne transportée à l’hôpital soit en vie à son arrivée. Lorsqu’elle décède – à l’hôpital – il faut que le cerveau de la personne soit mort et que les organes soient maintenus artificiellement », explique M. Lavigne.

Manque de connaissance des professionnels en santé

Selon ce dernier, il y aurait plus de donneurs potentiels qui ne sont pas identifiés. Une étude effectuée par le Collège des médecins du Québec démontrerait qu’il y aurait 300 donneurs d’organes en milieu hospitalier au lieu de 170 par année, et cela à cause du manque de connaissance des professionnels en milieu de santé à mieux identifier des donneurs. L’Hôtel-Dieu de Québec est le centre dédié pour effectuer le prélèvement des organes pour l’Est-du-Québec.

La tendance veut que le Québec se démarque à l’international parmi la Belgique, les Pays-Bas, le Canada, et tout récemment l’Espagne, les seuls pays qui pratiquent le don d’organes en contexte d’AMM. Selon le rapport annuel de la Commission sur les soins de fin de vie : « le nombre d’AMM continue d’augmenter au Québec. En considérant uniquement les diagnostics prépondérants compatibles avec le don d’organes, il est raisonnable d’estimer le nombre de donneurs potentiels à 10 % du nombre d’AMM pratiquées au Québec, ce qui représenterait possiblement 366 donneurs de plus si on se fie aux chiffres de l’an dernier ».

La directrice générale de Transplant Québec, Martine Bouchard affirme dans un communiqué : « Il s’agit non seulement d’une opportunité d’augmenter le nombre de donneurs d’organes au Québec, mais aussi d’une occasion incroyable de permettre à plus de personnes de bénéficier d’une greffe ».

Top 3 de la performance au Québec

Au chapitre des références pour don d’organes, la région métropolitaine occupe le premier rang des régions les plus performantes au prorata de la population avec un taux de 20,3 donneurs potentiels pour 100 000 habitants, suivie par le Saguenay-Lac-Saint-Jean (13,1) et l’Estrie (12,2). La performance en Chaudière-Appalaches (6,1) se tient dans la moyenne des régions.

Les organes transplantés en 2022 : le rein (269), les poumons (171), le foie (100), le cœur (36), le pancréas et îlots du pancréas (8). En 10 ans, il y a eu 651 greffes de rein et 191 greffes du foie. 

 

 2022 en un coup d’œil :

  • 854 références pour don d’organes ont été faites à Transplant Québec, 212 ont été retenues.
  • 913 personnes étaient inscrites sur la liste d’attente unique gérée par Transplant Québec.
  • 483 personnes ont pu être transplantées au Québec.
  • Le Québec a connu un nombre inégalé de transplantations pulmonaires (78) pour une 2e année consécutive, réduisant le nombre de personnes en attente au plus bas de son histoire.
  • Au cours des 10 dernières années, le temps d’attente des personnes transplantées de poumons et de rein a diminué considérablement de 87% et 60 %.
  • 171 donneurs décédés au Québec ont permis de transplanter 584 organes.
  • La moyenne d’âge des donneurs qui ont eu recours à l’AMM est de 60 ans. Le plus jeune avait 48 heures et le plus vieux, plus de 90 ans.