La loi 41 est-elle appliquée concrètement ?
Depuis le 20 juin dernier, les pharmaciens peuvent effectuer des actes supplémentaires autrefois réservés aux médecins grâce à la loi 41. Trois mois plus tard, est-ce que cette législation a un impact dans les pharmacies beauceronnes ?
Pharmacien indépendant à Saint-Georges, Gaston Champagne n’a pas encore mis en application ces supposés avantages pour les patients. Il précise que les systèmes de facturation ne sont pas encore adaptés pour que soient délivrés correctement ces services.
«Ce point-là devrait se régler prochainement. L’idée de la loi est bonne, car ça va aider à désengorger le système. Au lieu d’aller attendre à l’hôpital, les gens appellent déjà pour obtenir des conseils sur leur santé. En plus, nous sommes accessibles sept jours par semaine», de dire Gaston Champagne.
Ce dernier ne croit pas que la pratique de ces actes entrera en concurrence avec le travail des médecins.
«Je possède d’excellentes ententes avec les médecins entre autres lorsque j’envoyais par fax une prescription pour une prolongation d’ordonnance. Le médecin reste le seul professionnel médical qui peut poser un diagnostic», ajoute-t-il.
Rien de nouveau
Pharmacienne chez Uniprix à Saint-Georges, Élisabeth Poulin mentionne que la majorité de ces nouveaux actes étaient déjà pratiqués par plusieurs pharmaciens. Elle n’a vu aucune différence dans l’achalandage du commerce depuis l’entrée en vigueur de la loi.
«Ça nous permet seulement d’aller un peu plus loin. On peut prescrire des prises de sang, ce qui ne se faisait pas avant. Quelques actes (quatre) sont rémunérés avec un remboursement par l’assurance privée du patient ou la Régie d’assurance-maladie du Québec», précise-t-elle.
Élisabeth Poulin aurait aimé que la loi 41 laisse encore plus de latitude aux pharmaciens, notamment pour ajuster l’ordonnance d’un médecin.
«On peut regarder par exemple si le dosage du médicament est bon, surtout pour les enfants parce que ça va selon leur poids. Par contre, on ne peut pas ajuster n’importe quoi, comme les médicaments pour le cholestérol», mentionne-t-elle.
Celle-ci est également critique sur la prescription d’un médicament lorsqu’aucun diagnostic n’est requis.
«Je peux prescrire des médicaments pour la diarrhée du voyageur ou la malaria, mais pas pour une conjonctivite bactérienne. Pourtant, toutes ces maladies se voient clairement», estime Elizabeth Poulin.
Activités ajoutées au champ d’exercice des pharmaciens
– Prolonger l’ordonnance d’un médecin
– Ajuster l’ordonnance d’un médecin en modifiant la forme, la dose, la quantité ou la posologie d’un médicament prescrit
– Substituer au médicament prescrit, en cas de rupture d’approvisionnement complète au Québec, un autre médicament de même sous-classe thérapeutique
– Administrer un médicament par voie orale, topique, sous-cutanée, intradermique ou intramusculaire, ou par inhalation afin d’en démontrer l’usage approprié
– Prescrire certaines analyses de laboratoire en pharmacie communautaire pour des fins de surveillance
– Prescrire un médicament lorsqu’aucun diagnostic n’est requis, notamment à des fins préventives
– Prescrire des médicaments pour certaines conditions mineures dont le diagnostic et le traitement sont déjà connus
– Pour un pharmacien exerçant dans un établissement de santé, prescrire et interpréter des analyses de laboratoire aux fins du suivi de la thérapie médicamenteuse
* Source : Ordre des pharmaciens du Québec