La poupéethérapie pour raviver la mémoire

COMMUNAUTAIRE. Marie-Claude Bouchard a créé des bébés hyperréalistes pour raviver la mémoire des personnes âgées.

Marie-Claude Bouchard est secrétaire et préposée aux bénéficiaires de formation. Elle aime la compagnie de personnes âgées. Elle offre dans des résidences une activité avec ses bébés réalistes dans le but d’animer les cœurs des aînés, hommes comme femmes.

« Tout ceci est une histoire de cœur, ma mère a été diagnostiquée Alzheimer dès l’âge de 45 ans jusqu’à ce qu’elle décède à l’âge de 72 ans. Je n’ai rien pu faire pour elle, mais durant la pandémie, je me suis décidée en allant de l’avant avec mon projet de bébé « reborn » », raconte la principale intéressée. Elle a appelé son entreprise Les 1000 câlins de Marie.

Dans son sous-sol, Mme Bouchard a aménagé sa propre pouponnière avec des lits et des parcs pour bébés, du linge, des couches, etc. Son premier bébé hyperréaliste, elle l’a acheté en Europe au coût de 1000 $. Ce bébé imite des sons de vrais bébés grâce à différents moteurs intégrés dans la poupée. Elle a par la suite acheté sept autres bébés « reborn ». Aujourd’hui, Mme Bouchard fabrique ses propres bébés.

« Nathalie Thibodeau est la reborneuse qui m’a appris comment faire des poupées », dit-elle. J’ai été à la rencontre de Mme Bouchard à la résidence L’Atrium, située à Saint-Georges, secteur est. Lorsqu’elle a mis un bébé dans les bras de la représentante du journal, l’émotion m’a envahie, la ressemblance avec un vrai bébé est à s’y méprendre.

Notre arrivée dans la résidence coïncide avec l’activité. Des employées se sont dirigées avec hâte vers le carrosse dans lequel les bébés sont déposés. Celles-ci prenaient les poupées le plus délicatement comme pour un bébé qui vient de naître.

« J’ai des poupées de différents poids, car les personnes âgées n’ont pas toutes les mêmes forces », précise Mme Bouchard. « Mes bébés sentent aussi la poudre de bébé et j’ai fait faire des capines, car c’est ce que les bébés portaient à l’époque. Je veux ainsi créer une connexion avec les personnes », indique Mme Bouchard qui vit à Saint-Zacharie depuis 10 ans. Elle est originaire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.

Après la zoothérapie, la poupéethérapie

Les poupées n’ont pas pour but d’infantiliser les personnes âgées qui sont ravies de les prendre dans leurs bras. Ces bébés leur font penser à leurs propres enfants ou à des histoires leur remémorant leur jeunesse.

Il y a la zoothérapie par la présence d’animaux, mais, ici, on parle de poupéethérapie pour notamment les personnes souffrant d’Alzheimer. « Les poupées sont aussi faites pour calmer les personnes anxieuses ou en dépression et pour les autistes, car cela développe leur côté autonome. Elles aident également les personnes seules qui peuvent parler à la poupée », ajoute Mme Bouchard.

À la résidence L’Atrium, les personnes âgées parlaient au bébé dans leurs bras. Certaines d’entre elles pleuraient par nostalgie et d’autres, de nature plus gênée, se mettaient à jaser avec le personnel.

« Durant la Deuxième Guerre mondiale, je me cachais sous le lit avec mon frère, car j’avais peur que les soldats viennent le chercher. Mon frère s’est même coupé un doigt pour ne pas aller faire la guerre », se remémore une des résidentes.

Jusqu’à présent, Marie-Claude Bouchard offre son activité de poupéethérapie dans 20 résidences en Beauce et ailleurs en Chaudière-Appalaches.

Différentes approches pour la poupéethérapie s’offrent ailleurs au Québec.