La Rose des librairies 

PORTRAIT. Rose Lévesque, tout ce qu’elle touche, elle le fait bien et avec amour. Depuis 40 ans, elle ouvre et ferme les portes de sa boutique, la librairie de la Chaudière. Elle va à la rencontre de ses clients six jours sur sept, car depuis la pandémie, elle a décidé de fermer le dimanche. Autrement, soyez assurés qu’elle serait fidèle au poste.

Tous les matins, cette dame, à l’allure fragile et délicate, se rend religieusement à sa librairie située au Centre-Ville Saint-Georges. Mais détrompez-vous, elle est plus forte qu’elle en a l’air. Elle va et vient dans la librairie pour s’assurer que chaque client soit répondu. Il n’est pas rare que des clients l’attendent à la porte le matin pour l’accueillir. Que ces derniers achètent et feuillettent les pages d’un livre, il est certain qu’ils vont piquer un brin de jasette avec elle. Rose écoute et inspire à la confidence. Discrète sur sa vie personnelle, elle s’est livrée humblement au journal, laissant quelques instants son travail, pas trop loin d’elle, pour parler de sa librairie, une entreprise familiale qu’elle tient avec sa fille, Monia.

Il y a 50 ans, cette Néo-Brunswickoise s’établissait avec son mari, un Beauceron, à Saint-Georges. Celui-ci décide d’ouvrir la librairie en 1982. Alors qu’une employée quitte, il demande à sa femme si elle aimerait y travailler. Elle a accepté sur-le-champ et n’a jamais regretté son choix.

« Mon mari était un touche-à-tout. C’était un artiste dans l’âme. Je ne l’ai jamais vu sans un livre dans les mains, cela faisait partie de lui », se souvient-elle. « Lorsque j’étais jeune, je me cachais pour lire, c’était considéré comme une perte de temps, alors qu’aujourd’hui, la lecture est encouragée. »

Le mot retraite, elle ne le connaît pas. Prendre des vacances, que très peu. « Quand je me lève le matin, je sais ce que je vais faire. Je ne me pose pas de question », lance-t-elle avec un clin d’œil, ses lunettes sur le bout du nez.

Lorsqu’on entre dans la librairie, on est saisi par la quantité de livres et chaque livre a sa place, Rose y tient. On se tourne vers la caisse et on a l’impression que le temps s’est figé, rien n’a changé. On voit Rose, toujours souriante, qui nous salue chaleureusement comme si elle nous connaissait. Effectivement, elle nous connaît. Elle a une très bonne mémoire.

« J’ai connu des enfants qui sont devenus des adultes, qui ont eu des enfants qui viennent, à leur tour, à la boutique, n’est-ce pas merveilleux », s’exclame Rose, dont les yeux s’émerveillent en pensant à chacun d’entre eux. « Malgré la pandémie, les clients sont revenus, ils sont restés fidèles à la librairie », ajoute-t-elle avec douceur.

Sa fille Monia raconte que malgré les six mois de fermeture de la boutique, en raison de la pandémie, elles se rendaient à la boutique qui, de toute évidence, est une deuxième maison.

« Nous aimons travailler ensemble. Nous nous entendons très bien. Je ne viens pas travailler, je m’amuse », dit-elle avec fierté.

Rose explique que la clé du succès de la longévité de l’entreprise repose sur la passion et le travail. Difficile de ne pas être émue face à Rose qui incarne le dévouement en entier.