Le projet de loi sur l’industrie du taxi sème la grogne à Saint-Georges

Les chauffeurs de taxi propriétaires de leurs permis sont unanimes : le projet de loi du gouvernement caquiste ne fait pas d’heureux. Ils sont en colère que la valeur de leur permis soit réduite à zéro.

Pour Joël Turgeon, président de taxi Du Pont à Saint-Georges, ce projet de loi n’est pas bon pour l’industrie traditionnelle, pour rester poli. Ce dernier affirme avoir payé 110 000 $, il y a trois ans, pour acquérir sa licence, un actif qu’il pourrait perdre. Et cela, c’est sans compter la voiture.

Le président de taxi Du Pont, Joël Turgeon, n’est pas tendre dans ses propos envers le projet de loi déposé le 20 mars à l’Assemblée nationale.

«Avoir su… je n’aurais pas investi. […] Ça n’a aucun bon sens. D’après moi, ça va brasser, surtout à Québec et Montréal. Le gouvernement parle d’un dédommagement, mais je n’y crois pas», indique-t-il. Selon lui, ce projet de loi ne peut pas passer.

Cependant, il ne croit pas que la grève soit une bonne idée. La plupart des chauffeurs présents au poste de taxi de la 2e Avenue acquiescent.

Des pertes de salaire

Les chauffeurs de taxi de Saint-Georges s’estiment tout de même chanceux s’ils se comparent à leurs collègues des grandes villes. Grâce aux contrats du Taxibus et du transport adapté, ils ne perdront pas l’ensemble de leurs courses au profit de monsieur et madame tout le monde qui pourront faire du Uber ou utiliser l’application québécoise Eva.

Cependant, cela pourrait représenter une perte salariale de 5000 $ à 10 000 $ par année par chauffeur. Le 20 % de courses qui pourrait être perdu au profit d’autres conducteurs sans permis de taxi aura un impact. «Si tout le monde se met à s’installer près des bars le soir, ça va nous enlever des courses, c’est certain», estime M. Turgeon.

«Oui, on va perdre un pourcentage. Peut-être 20 à 30 %. Une chose est certaine, ça nous laisse dans l’incertitude pour le futur», ajoute un autre propriétaire de permis, Sylvio Lachance.

Questionné sur l’abolition des territoires, M. Lachance souligne que c’est moins important en Beauce que dans les grandes villes en raison des grandes distances. Mais les chauffeurs sont tout de même d’accord : «c’est ordinaire».

Acheter ou pas un permis de taxi?

Keven Lachance n’est plus certain de vouloir acheter sa licence de taxi, alors qu’il travaillait depuis un bon moment dans cette optique.

Keven Lachance devait justement acheter, de son grand-père, sa licence de taxi au prix de 100 000 $ dans les prochains jours. Il ne sait plus s’il doit le faire ou pas. S’il a déjà un bon montant d’amassé, c’est tout de même une maison qu’il n’achète pas, pour l’instant, en s’endettant pour travailler.

«Je ne suis plus certain. Je vais peut-être attendre un peu, voir si ça devient officiel», pense-t-il.

Selon lui, ce serait le temps pour l’industrie, à Saint-Georges, de prendre de l’avance et de créer une application mobile. Étant parmi les plus jeunes chauffeurs, il croit qu’il ne faut pas attendre pour amener la technologie.

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