Les municipalités veulent garder le contrôle sur les logements Airbnb

MUNICIPALITÉ. > À la demande de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), les élus municipaux partent en guerre contre ce qu’ils considèrent comme une ingérence du gouvernement provincial dans leurs champs de compétence.

Ce qui suscite la grogne chez les élus municipaux, c’est un tout petit article inséré dans le projet de loi 67 qui empêche les municipalités d’interdire la présence de logements de type Airbnb dans leur règlement de zonage.

«La ministre Caroline Proulx a tenté une première fois d’imposer cette limite aux municipalités l’an dernier dans le projet de loi 49 et cela avait créé quelques remous. Mais voilà qu’on l’a camouflée dans un tout petit article discret du nouveau projet de loi 67», déclare Normand Roy, le maire de Saint-Éphrem, préfet de la MRC Beeauce-Sartigan et membre du conseil d’administration de la FQM.

«Les municipalités sont des gouvernements de proximité. Elles sont les mieux placées pour prendre des décisions adaptées à leurs réalités, surtout en ce qui concerne le zonage. Mais sur le dossier Airbnb, la ministre ne veut rien savoir, c’est une fin de non-recevoir», précise M. Roy.

Question de principe

Même son de cloche de la part de Richard Couët, maire de Saint-Prosper et préfet de la MRC des Etchemins. «Il est vrai que chez nous, nous n’avons pas de problème particulier avec ce type de logement. C’est plutôt une question de principe. Si on ouvre la porte au gouvernement dans nos champs de compétence, quelles seront ses prochaines incursions», se questionne-t-il.

«Le premier ministre Legault s’indigne chaque fois que le gouvernement fédéral veut imposer ses règles à la province. Pourtant, c’est la même chose quand le provincial veut s’immiscer dans les compétences qui appartiennent aux municipalités», ajoute-t-il.

Pour les municipalités, il deviendrait de plus en plus difficile d’établir un plan de zonage cohérent s’il y avait plein d’interdictions de ce genre. «Nous n’aurions plus le contrôle», indique M. Roy.

Déjà, des centaines de municipalités ont fait parvenir une résolution au gouvernement pour demander le retrait de l’article litigieux. «Fort de cet appui, la FQM poursuivra ses pressions afin d’obtenir gain de cause dans cette affaire», conclut le maire de Saint-Éphrem.