Les producteurs de lait demandent des comptes à Justin Trudeau

Une vingtaine d’agriculteurs beaucerons ont manifesté au Saguenay le 7 juin, alors que Justin Trudeau participait à sa dernière apparition publique avant le sommet du G7.

Quelques centaines de personnes étaient attendues à une marche organisée par les Producteurs de lait du Saguenay. L’information du passage de Justin Trudeau a circulé rapidement sur le groupe Facebook <@Ri>Les amis de la gestion de l’offre et des régions<@$p>.

«Il a dit dans une entrevue à NBC qu’il était flexible sur les produits agricoles. Ça a mis le feu aux poudres. Depuis plusieurs mois, il dit qu’il ne fera aucune concession [sur la gestion de l’offre]. On veut qu’il garde son engagement», d’exprimer Bruno Cyr, représentant des producteurs de lait de Chaudière-Appalaches-Sud.

Producteurs inquiets

À Saguenay, les producteurs laitiers ont dénoncé le prix reçu de 64,12$ l’hectolitre et demandé des actions à leur syndicat, les Producteurs de lait du Québec (PLQ), une branche de l’Union des producteurs agricoles (UPA).

Les économistes de la Commission canadienne du lait ont établi que le coût de production d’un hectolitre de lait se situait à 76,55$ en 2016, en baisse de 1,9% par rapport à 2015. Cette donnée signifie que, pour faire leurs frais, les producteurs laitiers ont besoin de ce prix. Il est cependant de 12,43$ en deçà de ce montant.

Les PLQ n’ont pas demandé une correction du prix auprès de la commission. Pour invoquer cette clause, le prix du lait doit descendre en dessous de 3,5% du coût de production. Les PLQ ont aussi besoin de l’appui des autres provinces. La Colombie-Britannique et la Saskatchewan sont favorables à la demande, mais l’Ontario reste indécise.

«Idéalement, ça prend leur appui (Ontario), mais à cause des négociations de l’ALÉNA, ils ne veulent pas embarquer», dit Bruno Cyr.

Cas d’un producteur

Luc Turmel, producteur laitier de Saints-Anges, croit que la situation va s’empirer cet été, une période où la consommation a l’habitude de fléchir. «Il va tomber à 60$ l’hectolitre», est-il convaincu.

Celui-ci trouve ordinaire de dépenser 607 M$ pour les deux jours du sommet du G7, tandis que les producteurs laitiers canadiens ont reçu seulement 250 M$ sur cinq ans pour le Programme d’investissement pour fermes laitières (PFIL) afin de compenser l’ouverture de 5% du marché aux produits européens.

Après quelques appels dans son entourage et selon la lecture des commentaires en ligne, Luc Turmel croit qu’entre 30 et 40% des producteurs font face à des difficultés financières. «S’ils veulent la fin de la ferme, ils vont l’avoir bientôt. Ils permettent à des multinationales de faire de l’argent sur le dos des producteurs québécois», ajoute-t-il.

Ce dernier a l’impression que son syndicat n’est pas assez proactif. «Ça fait longtemps qu’ils auraient dû agir. Je trouve qu’à l’UPA, il y a de bonnes personnes, mais il y en a aussi qui regarde le train passer», conclut-il.