Moins dans la poubelle et plus aux municipalités

ENVIRONNEMENT. Les coûts élevés reliés à l’enfouissement des déchets coûtent cher aux municipalités. Jeter n’est plus la seule option. Plus la poubelle est vide, moins il en coûte aux municipalités et aux contribuables.  

Réduire l’enfouissement, c’est maintenant! lance une campagne régionale pour informer la population sur les coûts élevés associés aux milliers de tonnes de déchets envoyés à l’enfouissement chaque année.

« En Chaudière-Appalaches, ça nous coûte plus de 32 M$ pour collecter, transporter et enfouir plus de 182 000 tonnes de déchets, et ça, année après année. En plus, on doit agrandir les dépotoirs présents sur notre territoire tous les quatre ans environ, ce qui nous coûte collectivement des millions de dollars. Plus on est nombreux à mieux réduire, réutiliser et recycler, et à moins remplir nos poubelles, mieux c’est pour les budgets de nos municipalités », a précisé Marc-Alexandre Brousseau, président de la Table régionale des élus municipaux de la Chaudière-Appalaches (TREMCA).

Le directeur de gestion des matières résiduelles et des ressources matérielles de la MRC La Nouvelle-Beauce, Samuel Boudreault abonde dans le même sens. La démarche arrive, selon lui, juste à point.

« Les coûts de la collecte, du transport et d’enfouissement ont augmenté de manière exponentielle dans les dernières années et surtout depuis la pandémie. On parle d’une augmentation de 50 %. Le prix des matériaux, le coût de la main-d’œuvre et des opérations ont augmenté. C’est important de sensibiliser les gens que jeter n’est pas la première option. Il faut revenir à la revalorisation du recyclage, de la réutilisation et diminuer la consommation », indique-t-il.

Jonathan Bolduc, préfet de la MRC Beauce-Centre et maire de Saint-Victor, pense que pour changer un comportement ou des habitudes de vie, il faut y aller progressivement. Les personnes informées, dit-il, font de meilleurs choix.

« Au-delà de 50 % de ce qui va dans la poubelle peut aller dans le bac brun, donc peut être revalorisé. Cela demande toutefois des gestes personnels de la part des citoyens », explique-t-il.

Produire moins de déchets deviendra un objectif de plus en plus avantageux financièrement, car les coûts d’exploitation de tous les lieux d’enfouissement techniques (LET) du Québec sont en hausse pour 2023-2024 : l’inflation fait pression sur les coûts des travaux d’agrandissement, et la redevance payée à Québec par les LET augmentera de plus de 5,50 $ par tonne enfouie.

Cependant, les montants des redevances payés par les LET sont redistribués aux municipalités en fonction de leur performance. Ainsi, moins une municipalité envoie de déchets à l’enfouissement, plus la municipalité reçoit d’argent provenant du programme de redistribution aux municipalités des redevances pour l’élimination de matières résiduelles.

« Générer moins de déchets c’est bon pour l’environnement, mais c’est aussi moins de dépenses et, en plus, de meilleurs revenus pour nos municipalités. C’est vraiment payant », a ajouté Marc-Alexandre Brousseau.

Sensibiliser tout le monde

Réduire l’enfouissement, c’est maintenant! diffusera, jusqu’à la mi-septembre, une publicité dans les hebdos de la région ainsi que trois publicités dans les radios de Chaudière-Appalaches rappelant qu’il est possible de bien recycler, de mieux gérer ses matières organiques et de faire de bons choix de consommation pour garder sa poubelle aussi vide que possible.

« Pour être bien honnête, malgré la présence du bac bleu, les sites d’enfouissement ne diminuent pas », souligne le directeur général de la Régie intermunicipale du comté de Beauce-Sud (RICBS), Éric Maheux. « Les gens consomment beaucoup. Ce n’est pas juste aux citoyens de diminuer les déchets, il y a aussi les industries et les commerces. Lorsque l’on parle de suremballage dans les épiceries… tout le monde a des efforts à faire et tous les acteurs nommés doivent être sensibilisés et revoir ce qui se met dans le bac bleu, le bac noir et le bac brun (pour les régions de la Beauce qui utilisent le bac brun. En Beauce-Sartigan, le projet Triom est mis de l’avant) », indique-t-il.

Dans le secteur de Beauce-Sartigan, il en coûte environ 175 $ la tonne pour traiter l’enfouissement. Cependant, chaque municipalité a toutefois son contrat de collecte.

« On reçoit 25 000 tonnes qui coûtent 4 375 000 $ pour traiter l’enfouissement. Mais il y a moyen de baisser ça », conclut M. Maheux.