Où est le grand couvert de glace sur la rivière Chaudière ?

Normalement, les rivières et lacs devraient tous être recouverts d’une épaisse couche de glace à ce moment de l’année. C’est loin d’être le cas partout au Québec, y compris pour notre célèbre rivière Chaudière.

Ancien propriétaire de l’Éclaireur Progrès, Yvon Roy affirme n’avoir jamais observé en 90 ans une rivière Chaudière en janvier complètement libre de la glace.

Celui-ci réside sur la 1ère Avenue à Saint-Georges et est aux premières loges pour voir les changements naturels reliés à ce cours d’eau allant de Lac-Mégantic à Lévis.

Pierre Corbin avoue que cette situation est particulière, mais il ne la juge pas exceptionnelle. Ce dernier est géophysicien et directeur des opérations chez Hydro Météo. L’entreprise offre des services liés à l’hydrologie, la sécurité sur couvert de glace et l’environnement riverain.

«L’automne a été chaud et long. À ce moment, la température des cours d’eau était plus chaude et les niveaux et débits plus élevés. Le temps doux en décembre et janvier a retardé de trois à quatre semaines la formation de glace. Un courant fort ne permet pas d’obtenir un solide couvert glacé», soutient-il.

Frasil

C’est avec la tempête du 29 décembre que s’est formée une couche de frasil sur nos lacs et rivières. Ce terme désigne la pellicule formée par la glace qui commence à prendre. Autrement dit, il s’agit de fragments de glace flottante.

«Ça se formait grâce à la neige qui tombait dans l’eau. Comme le temps s’est encore radouci par la suite, les morceaux de glace se sont déplacés le long de la rivière Chaudière. Seulement quelques-uns ont été freinés par des obstacles», précise Pierre Corbin.

Étant donné que nos hivers sont plus courts que par le passé, cette situation risque de se répéter dans les prochaines années. C’est en partie la faute au phénomène El Niño. Concentration d’eau chaude dans la zone équatoriale du Pacifique, El Niño a la réputation d’engendrer beaucoup de pluie verglaçante.

«C’est la même chose pour tous les cours d’eau. Ça n’exclut pas des inondations au printemps si la neige fond trop vite», mentionne Pierre Corbin.

Selon lui, une glaciation retardée ne nuit pas beaucoup à l’environnement, ni à la faune ou la flore. La situation est différente pour les amateurs de sports hivernaux.

«C’est trop tôt pour circuler sur des rivières ou lacs avec de la glace, car elle est trop mince. Je déconseille de faire cela avant la fin janvier», conclut-il.