Pas de preuve que la Santé publique gonfle les statistiques

Dans une vidéo de 19 minutes partagée plus de 7 500 fois, Frédéric Jacob de Saint-Georges et éducateur spécialisé dans une école du Centre de services scolaires de la Beauce-Etchemin, dit avoir été déclaré positif à la COVID-19 sans subir un test. La confusion autour des interventions de la Santé publique lui fait dire qu’elle gonfle les chiffres.

Le 7 septembre, il a reçu un appel de la Santé publique. Son fils de 10 ans aurait été en contact avec la COVID-19 à son école primaire.

« On m’a dit que la Santé publique allait me rappeler demain (8 septembre) afin de prendre un rendez-vous pour un test. Le reste de la famille, c’était correct. Je pouvais aller travailler sans problème », explique M. Jacob.

Deux jours plus tard, il est appelé à nouveau par la Santé publique. Son fils a été testé positif à la COVID-19. Alors que Frédéric Jacob répond à des questions d’usage, il se met à tousser.

« Aux changements de température, je tousse toujours un peu. Ça a commencé le 31 août », précise celui-ci.

À la suite d’un questionnaire, Frédéric Jacob est aussi déclaré positif à la COVID-19. « Je reçois les deux confirmations par courriel. La même journée, un médecin me rappelle pour dire qu’elle doit sortir ma classe de l’école », dit Frédéric Jacob, ajoutant qu’il s’occupe de sept élèves en déficience intellectuelle.

Fin d’isolement

Durant ce même appel, le médecin lui envoie un document confirmant la fin de sa période d’isolement. Salon la Santé publique, celle-ci est de 10 jours pour les personnes atteintes de la COVID-19 et 14 jours pour les contacts de ce même individu.

« Mes élèves étaient retirés de mon milieu de travail, mais moi, je pouvais y retourner », indique Frédéric Jacob, interloqué.

Toute la famille est allée se faire tester le week-end suivant. Les tests reviennent négatifs. La Santé publique a toutefois omis de fournir le résultat de Frédéric Jacob par courriel.

« On m’a appelé le 17 septembre pour dire que c’était négatif. Finalement, tout le monde est négatif, sauf mon fils. Le système de santé, c’est n’importe quoi. On embarque dans les statistiques pour rien. La maladie existe, mais le gouvernement en beurre épais », mentionne M. Jacob dans sa vidéo. Selon lui, il y a des lacunes dans le système.

https://www.facebook.com/frederic.jacob1/videos/3728412550504949

Briser la chaîne de transmission

Selon le Centre de santé et services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA), lors d’une enquête de la Santé publique, cette dernière analyse d’abord la situation des contacts à risque élevé.

Ceux-ci, vivant avec un cas de la COVID-19, ont une grande probabilité d’avoir la maladie. Des critères permettent de les classer comme des cas par lien épidémiologique.

« L’objectif [des cas par lien épidémiologiques] n’est pas axé sur la comptabilisation des statistiques, mais le bris de la chaîne de transmission, en évitant de surcharger de manière peu utile les analyses de laboratoire », explique Mireille Gaudreau, porte-parole du CISSS-CA.

Avec le nombre d’enquêtes actuelles, certains cas sont contactés à mi-parcours ou à la fin de leur période d’isolement.

« Celle-ci étant de 10 jours, on peut imaginer qu’une personne, qui développe des symptômes au jour 1, décide d’appeler la ligne COVID au jour 3 ou 4, se fait dépister au jour 5 ou 6, et se fait rappeler pour obtenir son résultat au jour 8 ou 9. Une personne responsable va s’isoler dès l’apparition de symptômes, au jour 1 », mentionne Mireille Gaudreau.

Elle ajoute que l’enquête individualisée permet d’analyser les facteurs de risque et de s’ajuster à des situations jugées prioritaires.

« Monsieur Frédéric Jacob mentionne qu’il avait de la toux et pouvait travailler, puisqu’il s’agissait seulement d’un symptôme. Pour les travailleurs, quel que soit leur domaine, la présence d’un symptôme comme la toux ou la fièvre nécessite un retrait du travail. De plus, lorsqu’une classe est retirée, selon les critères en vigueur, c’est parce qu’il y avait un facteur de risque à considérer, comme le port inadéquat du masque », conclut Mme Gaudreau.

Peu de liens épidémiologiques

  • Selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), moins de 9 % des cas ont été confirmés par lien épidémiologique, indiquait la semaine dernière Radio-Canada. Sur les 79 648 cas de COVID-19 en date du 5 octobre, 7041 d’entre eux ont été confirmés par lien épidémiologique.
  • La proportion de cas de COVID-19 par lien épidémiologique est en dessous des 5 % depuis le mois de juillet (quand la capacité de dépistage s’est améliorée au Québec). Elle était de 3,3 % en septembre lorsque l’histoire de M. Jacob a eu lieu.