« Quand on veut, on peut »

TOURISME. Durant ses vacances estivales, le maire de Saint-Georges, Claude Morin, a décidé avec sa femme de compléter leur marche, entamée il y a 10 ans et 5 ans, sur le chemin menant à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, en empruntant l’itinéraire portugais.

« C’est une drogue Compostelle. Les chemins sont uniques », lance le maire. Claude Morin se souviendra particulièrement de ce voyage où il devait faire l’itinéraire en 10 jours, mais sa femme, Anne Desrousseaux, et lui ont fait le chemin en 12 jours pour un total de 300 km. Les deux premiers voyages, en partance de la France et de l’Espagne, ils ont fait respectivement 800 km et 930 km en 32 jours chacun.

« Ce voyage fut rough and tough. La chaleur était écrasante. Nous avons eu une bonne canicule », se remémore M. Morin. « Il fallait boire beaucoup d’eau, autrement, nous serions morts. Mais nous avons aussi eu du plaisir. Nous prenions le temps de visiter les villes. Durant la pandémie, il n’y a pas eu autant de visiteurs, alors les villes se sont mieux préparées à recevoir des touristes. Elles ont augmenté leur standard. Il y avait des gites 5 étoiles », raconte le militaire à la retraite.  

Le pèlerinage de Compostelle fut d’abord un pèlerinage catholique dont le but était d’atteindre le tombeau attribué à l’apôtre saint Jacques, situé dans la crypte de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice, dans le Nord-Ouest de l’Espagne. Aujourd’hui, ce sont des chemins empruntés par des pèlerins catholiques, mais aussi d’autres religions et des non-croyants. Des personnes qui désirent réfléchir et faire le point sur leur vie ou encore pour relever un défi sportif. Certains vont faire les trajets en bicyclette.

Chacun son chemin

Peu importe la raison, chacun fait le chemin à son rythme. M. Morin le reconnaît, ce fut tout un défi que de faire les trois itinéraires qui mènent à Saint-Jacques-de-Compostelle, mais celui du Portugal a été le plus dur, physiquement et mentalement.

« Au Portugal, on marchait sur de l’asphalte, c’était dur pour les pieds. Je me suis fait pour la première fois des ampoules aux pieds. Je changeais aussi des pansements aux pieds d’autres personnes qui marchaient tout croche ou jusqu’au sang. Il fallait même leur dire d’arrêter pour se reposer. On ne joue pas avec ça », souligne M. Morin.

« Tant qu’on n’avait pas atteint la moitié du chemin, c’était difficile. En Espagne, d’une montagne à l’autre, on se disait qu’on était arrivé à destination, mais ce n’était pas toujours le cas. Le plus dur mentalement, c’était de s’encourager. On ne réservait pas nos gites à l’avance, alors des fois on arrivait à un gite qui était plein ou encore, le gite n’était pas comme sur la photo, mais on n’avait pas le choix de trouver un autre gite tout comme on n’avait pas le choix de continuer à avancer sur notre route », ajoute-t-il, admettant qu’il s’est perdu quelques fois.

« Au lieu de regarder les pancartes, je les tassais. Croyez-moi, les champs de maïs sont longs longtemps », dit-il en riant. Sur le plan spirituel et personnel, le maire a fait défiler toute sa vie dans sa tête. « J’ai revu ma vie de A à Z, j’avais le temps de penser. C’est un temps de réflexion. Le soir, au gite, nous avons eu le temps d’échanger. Ça rapproche une famille, car dans la vraie vie, on est toujours à la course », souligne M. Morin. En 2018, Claude Morin et son épouse ont fait l’itinéraire espagnol avec leurs enfants.

M. Morin avait l’habitude de marcher 30 km par jour, il a diminué la fréquence à 22 km par jour à cause de la température suffocante, mais avec son épouse, ils prenaient le temps de visiter les villes et de parler avec les autres pèlerins coréens, allemands, français et chinois.

« Là-bas, le fait que je sois maire n’intéressait personne. Avec les autres pèlerins, nous ne parlions que de notre voyage et des coins que nous avions visités », dit le maire qui allait photographier la mairie de chaque ville qu’il a visitée.

M. Morin célèbre encore la fierté d’avoir accompli les trois itinéraires, de trois pays différents, qui mènent à Saint-Jacques-de-Compostelle. Un total de 2300 km de marche. Son prochain défi, faire l’Angleterre jusqu’à Rome à la marche, en quatre mois, lorsqu’il prendra sa retraite de la mairie.