Régiment de la Chaudière à Beauceville: la réserve, un métier et une famille

COMMUNAUTAIRE. La réserve est un lieu où des hommes et des femmes s’enrôlent pour vivre en groupe une vie militaire, à temps partiel, au service de la population au nom de leur pays, tout en leur permettant d’étudier et de mener une carrière au civil. Le mardi soir et la fin de semaine, ces militaires se regroupent pour s’entraîner ou suivre de la formation.

Un peu en retrait de la ville de Beauceville et de la route 173, se trouve un bâtiment à l’allure d’une caserne et le drapeau du Canada, bien à la vue : le manège militaire communément appelé le Régiment de la Chaudière, Caserne Paul-Mathieu. Environ 42 militaires sont basés dans ce régiment d’infanterie de la Première réserve de l’Armée canadienne des Forces armées canadiennes. Il fait partie du 35e Groupe-brigade du Canada au sein de la 2e Division du Canada.

Je, représentante du journal, rentre dans ce bâtiment, curieuse de connaître l’histoire de ce regroupement de l’Armée, moins connu du public. La première chose qui attire mon attention, c’est un grand tableau, dans l’entrée, représentant un cénotaphe en mémoire des 241 soldats, sous-officiers et officiers morts au combat durant la Seconde Guerre mondiale et dont les corps reposent sous l’une ou l’autre des terres de différents pays où ces combattants sont débarqués. Le monument funéraire est situé sur le boulevard Renault, à Beauceville. Très absorbée par ce tableau, un homme me fait sursauter, je fais face au caporal Fabre, souriant et sympathique. Le ton de la soirée est lancé, je m’apprête à rencontrer une grande famille, qui, dans le respect des règles militaires – et des grades -, est heureuse de se rassembler en ce mardi soir de tempête de neige. Le métier de cette réserve est de former des fantassins, des soldats qui combattent à pied ou depuis des véhicules terrestres. Quelques véhicules militaires sont stationnés à l’arrière de la caserne.

En montant les marches qui mènent aux locaux de la réserve, des photos des commandants passés et présents sont accrochées, bien à l’évidence. Aucune femme n’a encore rejoint le rang de ces hommes sur le mur. « Ça va peut-être changer bientôt », me lance le major Karl -Brodeur, confiant. Des femmes gravissent les échelons.

Parmi les cinq femmes de la réserve de Beauceville, il y a la caporale Chloé St-Pierre, une jeune femme de 18 ans qui a joint l’armée à l’âge de 16 ans. Souriante et ricaneuse, elle me raconte son parcours à partir du moment où elle était dans les cadets. Le fait qu’elle soit entourée principalement d’hommes ne la dérange pas.

« Je me suis sentie incluse par les gars dès le début. L’esprit d’équipe et de famille, c’est ça la réserve. Je peux aussi concilier travail-étude. Mes disponibilités peuvent être comblées par le Régiment. L’été, je travaille sur la base de Valcartier », raconte la jeune femme, de Saint-Joseph, qui étudie en gestion et planification en loisir. Pour ce qui est du travail physique exigé par le métier de fantassin, la caporale répond qu’elle reçoit de l’aide de ses collègues. Durant la soirée, lors d’un exercice d’escouade, elle a reçu officiellement son grade de caporal des mains du major Brodeur. Elle désire, un jour, prendre part à une mission de paix à l’étranger, si l’occasion se présente.

Une carrière pour les femmes

La capitaine Marie-France Poulin s’est enrôlée dans la réserve, à Québec, en 1989, où elle a été formée comme adjointe médicale. En 2012, elle a rejoint l’armée régulière pour revenir dans la réserve, en 2017.

« À 17 ans, une amie m’a parlé de la réserve. J’aimais leur formation et les possibilités d’emploi […] Dans le métier de technicienne médicale, la représentation féminine était grande, même lorsque j’ai fait mon cours de recrue. En tant que femme, j’ai toujours eu de bonnes expériences », raconte la militaire. « Lorsque j’accompagnais en ambulance les compagnies d’infanterie ou d’artillerie, j’ai toujours été bien accueillie. Les hommes prenaient soin de moi. Je suppose que ma présence – comme adjointe médicale – les rassurait. »

Capitaine Poulin est présentement officier des affaires publiques au Quartier-général de la 35e Groupe-brigade, à temps plein. Durant ses nombreuses années dans la réserve, elle a fait deux missions -outre-mer, sur une base volontaire, précise-t-elle. Elle est allée en Afghanistan en 2009 et elle a pris part à une deuxième mission, 7ppelée opération Mobile, au sein de l’Aviation royale canadienne, en Italie, en 2011.

Après 34 ans d’expérience dans le milieu militaire, capitaine Poulin observe qu’il y a plus de femmes dans les métiers d’armes de combat qu’en 1989.

« Il y a de belles opportunités dans la réserve. Pour ma part, je me suis enrôlée par curiosité et j’en ai fait une carrière », conclut-elle.

NDLR: L’Éclaireur Progrès proposera une série de quatre reportages publiés sur le quotidien des réservistes à la caserne militaire Paul-Mathieu de Beauceville. Deux autres articles seront publiés la semaine prochaine.