Saint-Georges en faveur d’une décentralisation du système de santé

La Ville de Saint-Georges a signifié son appui au Regroupement québécois des médecins pour la décentralisation du système de santé (RQMDSS) en adoptant une résolution à la séance du conseil tenue le 22 février.

Ce regroupement, formé de près de 800 médecins, a été créé en juin 2020 par les docteurs Vincent Bouchard-Dechêne et Daniel Kaud. Tous les deux pratiquent à Montréal.

« Depuis l’adoption de la Loi 10 en 2015, nous avons pu constater les effets de l’hypercentralisation du système de santé. La pandémie, en particulier la première vague, a mis en lumière les problèmes. C’est ce qui nous a poussés à créer le RQMDSS », indique le Dr Bouchard-Dechêne.

Celui-ci explique que les problèmes causés par la centralisation du système de santé ne sont pas les mêmes entre les régions et les grandes villes.

« À Montréal, des travailleurs ont tenté de créer des zones rouges et des zones vertes dans un hôpital lors de la première vague. Il a fallu plusieurs jours pour y arriver. Ce délai a fait en sorte qu’il y a eu une éclosion et que des personnes sont décédées », détaille-t-il.

Il s’agit d’un exemple touchant la métropole, mais la situation affecte aussi les régions, dont Chaudière-Appalaches. « On compte une centaine d’établissements gérés par le CISSS-CA, dont quatre hôpitaux. Comment peut-on bien gérer quand les gestionnaires ne sont pas sur place ? », se questionne-t-il.

Appliquer des solutions dès maintenant

Le RQMDSS a envoyé quatre demandes applicables rapidement sans avoir à changer la Loi 10. La première consiste à instaurer un directeur dans chaque hôpital. « La CAQ s’était déjà engagée à mettre en place un directeur dans chaque CHSLD. Pourquoi n’aurait-on pas la même chose dans les hôpitaux qui sont infiniment plus complexes en termes de gestion ? », mentionne le Dr Bouchard-Dechêne.

Le regroupement souhaite aussi qu’il y ait un directeur des services professionnels dans chaque hôpital, au lieu d’un seul par CISSS ou CIUSSS. « C’est un rôle très important, car plus on s’éloigne des grands centres, plus le recrutement de médecins est difficile. Les besoins de recrutement doivent être adaptés. Les besoins des patients de Lévis ne sont pas les mêmes que ceux de Saint-Georges, par exemple », poursuit-il.

La troisième demande est l’instauration d’un conseil regroupement des médecins, des pharmaciens et des dentistes pour chaque hôpital au lieu d’un par CISSS. « C’est très important, car il s’agit du chien de garde pour la qualité des services », commente le porte-parole.

Le dernier élément consiste à instaurer une table des chefs au niveau des hôpitaux, au lieu des CISSS. « Actuellement, le problème est que la personne qui prend les décisions est à Lévis [dans le cas de Chaudière-Appalaches] et ne connaît peut-être pas la réalité à Saint-Georges », indique le Dr Bouchard-Dechêne.

« En gros, ce que nous voulons, c’est rétablir une gouvernance locale dans les hôpitaux et d’avoir l’agilité nécessaire pour adapter les soins à la réalité du terrain », résume-t-il.

Au moment de l’entrevue, le 27 février, le RQMDSS avait fait parvenir ses demandes au gouvernement. « Nous avons fait quatre envois formels. Le premier à l’ancienne ministre de la Santé, Danielle McCann, et les trois autres au ministre Christian Dubé, en envoyant chaque fois une copie au premier ministre », dit-il.

En date du 27 février, le regroupement n’avait toujours pas obtenu une rencontre avec le gouvernement. « Nous avons reçu une lettre du ministère de la Santé pour nous dire de nous référer à la structure actuelle du CISSS. C’est pourquoi nous avons décidé de nous mobiliser, d’impliquer davantage les régions et de demander l’appui des villes-centres », conclut le Dr Vincent Bouchard-Dechêne.