Sexe, séduction et islam au Sénégal

Autant en Beauce qu’au Sénégal, les relations entre les hommes et les femmes sont toujours compliquées et complexes. C’est la conclusion à laquelle en est venue l’anthropologue Véronique Gilbert de Saint-Georges après plusieurs mois de recherches sur les relations amoureuses au Sénégal.

Lors de la troisième conférence de prestige présentée dans le cadre du 25e anniversaire du Cégep Beauce-Appalaches (CBA), l’anthropologue beauceronne Véronique Gilbert a présenté le fruit de ses travaux lors d’une conférence intitulée Sexe, islam et tinder, du Sénégal à la Beauce, le 11 avril dernier.

Mme Gilbert note de nombreuses différences entre le Sénégal et la Beauce en ce qui concerne les relations hommes-femmes. La polygamie et la sorcellerie font partie de cette culture. «Au Sénégal, il est normal de payer pour des sorts et des potions», affirme la conférencière. Elle-même a acheté, mais pas essayé, différentes potions dont un café qui «permettrait de conserver une érection jusqu’à 100 heures».

L’alimentation joue un rôle important dans la séduction et ce sont les femmes qui détiennent ce pouvoir. «Et plus la cuisine est épicée, mieux c’est», précise l’anthropologue. Au Sénégal, la femme, même si elle est indépendante, reste mineure socialement tant qu’elle n’est pas mariée.

La polygamie n’est pas de l’adultère dans ce pays puisqu’en plus d’être un système légal, elle est une façon de prouver son statut social. L’homme a le rôle de pourvoyeur de la famille et il ne peut prendre une seconde femme que s’il a les moyens de l’entretenir. Mme Gilbert analyse aussi toute la notion de rivalité qui s’installe entre les femmes et qui découle de la polygamie.

«L’amour, c’est culturel. Au Sénégal, on ne dit pas qu’on s’aime, mais on le montre beaucoup», ajoute Mme Gilbert.

Elle met aussi en garde le public de ne pas s’arrêter aux stéréotypes et d’aller voir au-delà de ceux-ci. «Être différents n’est pas nécessairement mauvais. On devrait tous apprendre de la différence», souligne-t-elle en terminant.

Un parcours particulier

Véronique Gilbert s’est entretenue devant une salle comble d’un peu plus de 600 personnes. Depuis son passage au secondaire, Mme Gilbert est intéressée par le droit des femmes. Après une année sabbatique où elle est entrée dans une communauté religieuse dans le but de devenir missionnaire, l’ancienne étudiante au CBA a poursuivi ses études au baccalauréat et à la maîtrise en anthropologie à l’Université d’Ottawa où elle fait ses premier et deuxième voyages au Sénégal.

Détentrice d’une bourse de doctorat pour étudier à l’Université d’Édimbourg, en Écosse, la jeune trentenaire a passé, dans les dernières années, 16 mois au Sénégal pour sa recherche. «Ce que font le plus les anthropologues, c’est de l’observation participante et des entrevues», expose-t-elle.