La pandémie chamboule les choix de carrière des étudiants

Depuis plus d’un an, la pandémie a complètement transformé les habitudes des étudiants québécois et canadiens. Leur rapport au monde du travail, à l’autre, et leurs choix de carrière ont peut-être été changés à tout jamais.

L’organisme Academos a voulu savoir à quel point. Academos a sondé au mois de janvier 2021, 4 200 étudiants francophones et anglophones québécois et canadiens âgés de 14 à 30 ans ,dont 2 200 étudiants québécois francophones et 105 répondants de Chaudière-Appalaches.

Ce coup de sonde intitulé Génération Z : Impact de la pandémie sur le choix de carrière des étudiants du Québec et du Canada révèle sans surprises, que les étudiants sont inquiets, anxieux, incertains face à ce que l’avenir leur réserve, indique Catherine Légaré, présidente et fondatrice d’Academos. Les étudiants «  craignent la dévalorisation de leur diplôme et perçoivent désormais le monde du travail comme plus stressant, complexe et instable qu’auparavant  ». Les arts, le tourisme, la culture et l’éducation ont perdu la cote. L’entrepreneuriat et le travail autonome ont pris des plumes. «  Au total, 15 % des répondants québécois ont changé leur choix carrière à cause de la pandémie  », souligne l’étude. «  Il y a des jeunes qui se sont aussi découvert de nouveaux intérêts, notamment en santé. Même chose avec l’entrepreneuriat. Ça leur a fait réaliser que ce n’est pas comme aux Dragons tout le temps !  », ajoute Catherine Légaré.

Être présents pour les plus jeunes

«  Il faut s’occuper de nos jeunes et ils sont ouverts à ce qu’on s’occupe d’eux  », ajoute Mme Légaré. «  Il faut en profiter. Il faut s’occuper de leurs aspirations professionnelles et leur donner confiance d’aller vers le marché du travail  ».

Les étudiants ne se sont heureusement pas repliés sur eux-mêmes. Ils ont discuté de leurs choix de carrière avec leurs parents. Près de la moitié des jeunes affirment que leur vision du monde du travail a changé. «  On a une génération qui pour la première fois a vu ses parents travailler pour vrai. C’est une des choses qui peut changer leur vision sur le monde du travail. Ils ont comme réalisé qu’il n’y a rien de gagné  », précise Mme Légaré.

En Chaudière-Appalaches, les mêmes tendances se confirment. Mais cette fois, 27 % des étudiants disent avoir modifié leur choix de carrière depuis la pandémie. De plus, 13 % des répondants de la région ont vu au moins un de leurs parents perdre son emploi durant cette période. «  En Chaudière-Appalaches, près de sept étudiants sur dix ont pris du temps pour réfléchir à leur avenir professionnel, la moitié se disent plus anxieux qu’avant. Et 35 % craignent que leur diplôme soit dévalorisé  », explique Mme Légaré.

Des tendances que nous confirme Jessica Blais, conseillère en orientation Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin, rattachée à la polyvalente Benoît-Vachon de Sainte-Marie. «  Les demandes de services en psychologie et en orientation dans les écoles ont un peu explosé. En tant que conseillère en orientation, ça me préoccupe. Les élèves qui avaient des problèmes à la maison ou qui étaient plus fragiles émotionnellement, prennent ça dur  », remarque Mme Blais. Elle qui note par ailleurs qu’un écart se creuse entre les élèves qui avaient de la facilité à l’école et les autres. «  De ne pas avoir d’activités parascolaires et de moins socialiser, ils trouvent ça dur. Les élèves du secondaire sont encore plus en période de construction identitaire  ». Mme Blais qui réfléchit tous les jours à ce qu’elle peut faire pour aider les élèves, mais aussi leurs parents qui manquent d’outils, de ressources. «  Il ne faut pas que les parents hésitent à parler avec leurs enfants. Les parents peuvent aussi avoir de l’aide et travailler avec les conseillers en orientation  », souligne Jessica Blais.

L’enquête réalisée par Academos doit être perçue comme un instantané. Les tendances qu’elle révèle pourraient se dissiper dans le temps. «  C’est sûr que c’est une photo prise à un moment fort de la pandémie. J’espère qu’il y aura des choses qui vont se replacer comme l’anxiété, la notion de métiers essentiels et non essentiels. Les jeunes ne parlaient jamais de ça avant! Les jeunes ont vécu un événement qui a complètement transformé leur vie  », expose Catherine Légaré.

Il est possible de consulter l’étude d’Academos en se rendant au academos.qc.ca.