La vie avec un adolescent autiste sévère non verbal comporte son lot de surprises

Dans le cadre du 35e Mois de l’autisme et en marge de la Journée mondiale de la sensibilisation à cette condition qui s’est déroulée le mardi 2 avril dernier, Édith Leclerc, originaire de Saint-Martin-de-Beauce et maman d’un jeune homme autiste sévère non verbal âgé de 16 ans, nous raconte aujourd’hui son quotidien avec un enfant différent.

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Né le 14 février 2003 et évoluant actuellement au sein d’un petit groupe de huit élèves à la Polyvalente de Saint-Georges, son fils Frédéric éprouve de la difficulté dans ses relations sociales.

Édith Leclerc et son fils Frédéric lors de leur dernier périple ensemble.

«Puisqu’il n’a pas la capacité de s’exprimer en parlant, il vit de l’anxiété ainsi qu’une à deux crises par jour en raison de malaises physiques ou encore de problèmes de sommeil», précise Édith Leclerc.

Cet absence de paroles chez lui fait également en sorte que toutes les problématiques qu’il rencontre au fil du temps, entre autres les changements hormonaux entraînés par l’adolescence, sont plus complexes

Beaucoup de surprises

Ne possédant aucun mode d’emploi pour s’y retrouver en tant que parent, la Beauceronne fait souvent face à l’inconnu.

«Frédéric est une boîte à surprises. Qu’on soit à l’épicerie ou au restaurant ensemble, je suis constamment sur le qui-vive. La fin de semaine passée par exemple, il m’a accompagnée dans un hôtel à Québec. Je l’ai amené à la piscine pour lui faire plaisir et parce que je sais qu’il aime habituellement se baigner, mais il a eu très peur et n’a pas pu profiter de cette activité», explique-t-elle.

Émile, à gauche, fait manger son frère Frédéric le jour de son anniversaire.

Notons que tous les membres de sa famille doivent aussi s’adapter à la réalité de ce dernier.

«Quand mon aîné Émile, âgé de 17 ans, est à la maison avec des amis, il doit inévitablement les tenir au courant des diverses manies de son frère et des situations qui pourraient se produire en sa présence», ajoute la principale intéressée.

Fuir la routine

Bien que ce ne soit pas toujours facile, Édith Leclerc essaie à l’occasion de briser la routine de son fils, dans le but de vivre de nouvelles expériences en sa compagnie.

«Nous sommes notamment partis tous les deux à l’aventure à bord d’une caravane en 2017 et en 2018, pendant un mois. Ces deux périples m’ont permis de me retrouver en tant que femme, de même que d’en apprendre encore plus sur les besoins de mon garçon», confie-t-elle.

Alors que certaines initiatives de ce genre peuvent s’avérer bénéfiques pour Frédéric, d’autres peuvent toutefois engendrer des conséquences négatives.

Édith Leclerc voyage à chaque été avec son fils cadet depuis deux ans.

«Ayant des troubles alimentaires, il ne veut pas manger n’importe quoi. Quand son école m’a récemment proposé de lui envoyer un repas chaud pour remplacer sa boîte à lunch adaptée, ça l’a complètement déstabilisé pour le reste de la journée», informe cette mère de famille.

Déconstruire les mythes

Grâce à son témoignage, Édith Leclerc espère non seulement sensibiliser et informer la population beauceronne, mais également déconstruire les mythes entourant ce trouble.

«Les gens pensent que l’autisme est synonyme d’être dans sa bulle. C’est faux. Lorsque mon fils est dans un nouvel environnement, il est désorganisé sensoriellement et tente donc de comprendre l’espace dans lequel il se trouve. C’est pourquoi il observe tout ce qui se passe autour de lui afin de s’approprier les lieux. Il n’est pas sur une autre planète pour autant», assure la résidente de Saint-Martin-de-Beauce.

Selon elle, plusieurs croient aussi à tort que les personnes autistes ne sont pas affectueuses. «Elles ne savent tout simplement pas comment entrer en relation avec les autres. En ce qui me concerne, Frédéric est très colleux», conclut-elle.