Trois étudiants du Cégep Beauce-Appalaches confirment la présence d’une exoplanète en orbite autour d’une étoile
Anthony Giguère, Charles-Étienne Roy et David Dallaire, trois étudiants du Cégep Beauce-Appalaches (CBA) en sciences de la nature, ont confirmé la présence d’une exoplanète en orbite autour d’une étoile dans le cadre de leur projet de fin d’études en astrophysique à la session d’hiver 2018. Bien qu’ils ne soient que des amateurs en la matière, ce sont des découvertes d’envergure professionnelles qu’ils ont menées à terme à Saint-Georges, une première dans la province au niveau collégial.
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Les Beaucerons devaient choisir un projet de fin d’études dans le domaine des mathématiques, de la physique, de la biologie ou de la chimie. Ils ont arrêté leur choix sur un projet dont la majeure serait en physique, plus précisément en astrophysique et la mineure, en mathématiques.
«La recherche de la vie ailleurs et la découverte de l’inconnu dans l’univers, ça nous a toujours intéressé. On a donc vu l’opportunité de jumeler nos intérêts à tous les trois avec ce projet scolaire», explique Anthony Giguère.
Pour l’occasion, ils ont observé un phénomène d’une durée de quatre heures, le transit, qui survient lorsqu’une planète se positionne entre une étoile et la Terre. Pour y arriver, les étudiants ont utilisé le site Web Exoplanet Transit Database, qui précise notamment à quelle heure une planète passera devant une étoile et quand la luminosité de celle-ci commencera à baisser.
Cinq heures de travail en pleine nuit
Le projet a été réalisé entre 22h et 3h avec le télescope du cégep et deux ordinateurs portables, sur le terrain synthétique de la cité étudiante de Saint-Georges. «Il nous fallait réaliser le projet lors d’une belle soirée sans nuages, car la pollution lumineuse dans le ciel nous aurait empêché de bien voir les étoiles», mentionne Charles-Étienne Roy.
Installer le télescope à lui seul a nécessité une heure. «Ce dernier est muni d’une caméra qui détecte et calcule le nombre de photons qui entrent dans le dispositif et qui perçoit les hausses et les baisses de luminosité», précise M. Giguère. Avant de capter le phénomène en question, les étudiants devaient enregistrer une période de luminosité constante. «Il nous a donc fallu faire quelques mises au point afin d’y arriver», ajoute M. Roy.
Le logiciel qu’ont utilisé les Beaucerons captait des photos à cinq minutes d’intervalle, pour un total d’une quarantaine de clichés. «Quand une planète se positionnait entre une étoile et nous, la luminosité qu’on percevait de cette dernière diminuait, puis augmentait à nouveau. Quand la luminosité était constante, ça signifiait qu’aucun objet passait devant l’étoile que nous observions», renchérit Anthony Giguère. Notons qu’après le transit, des manipulations étaient nécessaires, avec le télescope, afin de prendre de nouvelles photos qui serviraient à éliminer les impuretés présentes sur les photos de l’étoile en question.
L’enseignant d’astrophysique au CBA et membre du Club d’astronomie de Saint-Georges Louis Asselin, présent cette nuit-là, donnait quelques conseils aux membres de l’équipe pour qu’ils puissent avancer dans leurs découvertes. «Quand on éprouvait des difficultés avec le logiciel AstroImageJ lors de la concrétisation du projet, il fallait trouver les solutions nous-mêmes. M. Asselin n’était là que pour nous superviser», ont expliqué les trois Beaucerons.
Suite au protocole d’observation, les étudiants ont finalement prouvé qu’une planète était passée devant une étoile. «Ça faisait entre 5 et 10 ans que l’exoplanète HAT-T-P36b n’avait pas été observée. Nous avons donc confirmé qu’elle était encore bel et bien dans notre système solaire», conclut Anthony Giguère.
Un enseignant et des étudiants impressionnés
En fin de parcours, Anthony, Charles-Étienne et David ont présenté leur projet aux membres du Club d’astronomie de Saint-Georges, qui se rencontrent entre astronomes amateurs une fois par mois. «Ils trouvaient impressionnant qu’on ait réalisé notre projet avec aussi peu de ressources», explique David Dallaire. Ils ont aussi partagé le tout avec leurs collègues de classe, qui «ont trouvé ça très intéressant» aux dires d’Anthony Giguère.
Louis Asselin a aussi été agréablement surpris par leur travail. «Le caractère unique de leur projet réside surtout dans le fait que ce sont des amateurs chevronnés, avec de bons équipements, ou encore des professionnels qui concrétisent de tels projets. Dans leur cas, ce sont des étudiants collégiaux de deuxième année. Il s’agit d’une première dans les cégeps et les universités québécoises», explique M. Asselin.
Notons que l’aventure au Cégep Beauce-Appalaches est maintenant terminée pour Anthony Giguère et Charles-Étienne Roy, qui se dirigeront respectivement en biologie, pour se spécialiser en biologie spatiale ou en astrobiologie, ainsi qu’en administration, profil comptabilité, à l’Université Laval dès l’automne.
Quant à David Dallaire, il terminera ses études collégiales à Saint-Georges en décembre 2018.