Un Beauceron complète les 4600 km du Pacific Crest Trail
Sébastien Cloutier a parcouru environ 4600 km en l’espace de cinq mois et demi pour compléter le Pacific Crest Trail, qui s’étend de la frontière américano-mexicaine à celle reliant le Canada et les États-Unis.
Le Beauceron souhaitait retrouver un sentiment de liberté. Il avait besoin de se ressourcer et, pour lui, cela devait se faire dans la nature. «J’avais besoin de relâcher le stress de la vie moderne pour retrouver une vie simple, ce qu’on a parfois de la difficulté à retrouver dans la vie de tous les jours», explique-t-il.
L’homme de 39 ans a donc choisi de traverser la Pacific Crest Trail, qui traverse la Californie, l’Oregon et l’état de Washington, en raison des vues panoramiques qu’offre le sentier. «De plus, on traverse des endroits où il n’y a pas âme qui vive. Cette solitude est une bonne chose. Elle permet d’apprendre à se connaître», ajoute-t-il.
C’est ainsi que M. Cloutier s’est rendu au début du parcours, situé près de la frontière mexicaine en Californie, et a commencé son périple le 14 mars dernier.
Plus il avançait, mieux il se sentait. «Jour après jour, je réalisais que je sentais de plus en plus bien dans cette aventure. Je vivais vraiment la liberté», mentionne-t-il.
Malgré la solitude bien présente, il arrive tout de même de croiser d’autres randonneurs. «J’ai marché avec quelques personnes dans le nord de la Californie pendant environ une semaine. À force de bavarder, on devient de bons amis. J’ai même gardé contact avec certaines d’entre elles», raconte M. Cloutier.
Un climat impitoyable
Le climat peut être beaucoup plus dangereux que la faune selon M. Cloutier. Dans le désert, il y a le risque de déshydratation. «Il y a des années où il y a beaucoup d’eau, mais il y a des années où c’est extrêmement sec. On risque alors davantage de coups de chaleur, de crampes musculaires et de déshydratation», décrit-il.
De plus, l’hypothermie représente aussi un danger, notamment dans les montagnes du Sierra Nevada, en Californie. «Certains de mes amis ont décidé de terminer par la portion des High Sierra, car cette année, c’était une année record de neige», indique le randonneur.
Il faut ajouter à cela le fait que la température peut changer rapidement et qu’il faut traverser certaines rivières.
Malgré la situation, M. Cloutier a décidé de traverser les montagnes. «J’ai failli mourir, dit-il calmement. Il y a eu beaucoup de tempêtes de neige, ça m’a ralenti énormément et j’ai manqué de nourriture. C’était impossible de voir le sentier ou les balises en raison du niveau de la neige.»
Le Beauceron croyait être en mesure d’atteindre son point de ravitaillement, situé à environ 10 jours de marche, en l’espace de 13 jours en tenant compte des éventuelles tempêtes de neige.
«Ce fut finalement 17 jours de marche. J’ai eu cinq tempêtes de neige, dont un blizzard. J’ai dû attendre 36 heures dans ma tente afin que le blizzard arrête», poursuit-il.
Il a dû se rationner au maximum et a passé trois jours sans manger. «Il me restait un petit sac de pommes de terre déshydratées que je gardais au cas où il y aurait une autre tempête de neige», précise-t-il.
M. Cloutier dit avoir alors atteint sa limite mentale. «Je me suis dit que j’allais probablement mourir ici. Je dois commencer à l’accepter», ajoute-t-il. Au bout du 17e jour, il a finalement réussi à sortir de la forêt et trouver de l’aide.
Le reste du parcours s’est fait sans problème majeur. Le randonneur n’a subi aucune blessure physique et le 24 août, il a atteint la fin du sentier dans le parc provincial EC Manning, en Colombie-Britannique.
Malgré tout, Sébastien Cloutier repartirait n’importe quand. «Mes priorités étaient simplement de marcher, dormir et manger. Je suis conscient que ce type d’aventure n’est pas pour tout le monde, mais ce serait bien que chacun puisse vivre une expérience semblable», conclut-il.