Un Beaucevillois reçoit la médaille de Bravoure

Pour ses actes de courage à Haïti, un gendarme décoré par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Paul-André Rodrigue, de Beauceville, a reçu la médaille de la Bravoure du gouverneur général du Canada, David Johnston, à la Citadelle de Québec le 22 février dernier.

Le 12 janvier 2010 à 17h, un violent séisme de 7,3 degrés sur l’échelle de Richter et les secousses qui ont suivi ont fait plus de 160 000 morts et autant de blessés ainsi que trois millions de sinistrés. Le Beauceron a risqué sa vie au mépris de son propre instinct de survie pour sauver trois personnes des décombres. «J’accepte cet honneur avec humilité. La plupart des personnes auraient agi de la même façon que moi», raconte le gendarme du détachement de Beauce-Amiante.

Ce jour-là, M. Rodrigue était accompagné d’officiers de la GRC et de policiers de Montréal et d’Ottawa, qui ont aussi été décorés de cette même médaille pour leurs actions. Soulignons qu’en janvier 2013, le Beaucevillois a aussi été décoré de la «Citation du commissaire pour bravoure».

Des moments forts

M. Rodrigue se souviendra longtemps de sa deuxième mission de formation des policiers avec les Nations Unies à Port-au-Prince. Il était au téléphone lorsque les premières secousses ont frappé le pays. «J’ai eu peur pour ma vie, surtout j’étais à peu près sûr que l’édifice allait s’écrouler en raison de la force du tremblement de terre», se souvient ce dernier.

Alors que le premier étage était détruit, il a participé au sauvetage de deux personnes dans l’immeuble instable envahi par la poussière. «Ces personnes étaient incapables de parler parce qu’elles étaient coincées, l’une était prise jusqu’au torse et l’autre jusqu’au cou», précise-t-il.

L’autre personne qu’il a secourue était une employée des Nations Unies originaire du Niger. Sur son retour de sa voiture pour aller chercher un cric, M. Rodrigue a aperçu cette dame agitant son bras dans un minuscule orifice créé par l’effondrement des fondations de béton d’un bâtiment voisin de son lieu de travail. Elle se trouvait dans une fort mauvaise posture soit un bras ensanglanté pris dans un cadre de porte, la cuvette dans le dos et de la vitre plantée sur son corps. «Nous avons travaillé fort pour la sortir de là soit plus d’une heure», se rappelle-t-il.

Des 100 policiers de 54 nations qui se trouvaient dans ce bâtiment, M. Rodrigue, un des superviseurs des lieux, et deux autres Canadiens ont été les derniers à quitter leur milieu de travail. Ils voulaient s’assurer que le bâtiment effondré soit vacant avant d’être du premier décompte officiel du Canada. «Je n’ai pas été comptabilisé dans le décompte pour une raison que j’ignore. Ma conjointe n’a su que le lendemain matin que j’étais toujours en vie. Pour elle, cela a été un moment très difficile», avoue le père de trois enfants précisant que deux de ses collègues à la GRC ont perdu la vie ce jour-là.

Pendant les trois longues semaines qui ont suivi le séisme, il a participé aux efforts de sauvetage et d’aide humanitaire, et ce, même dans des zones considérées très violentes. «Je me sentais choyé d’être en santé et de pouvoir aider toutes ces personnes. J’ai adoré mon travail, je ne voulais plus revenir. Quand j’ai terminé ma mission, cela a été difficile de revenir ici, et ce, dans un monde civilisé avec toute l’abondance et tous les services que nous avons ici. Là-bas, rien n’est acquis», poursuit ce dernier.

Six ans après les événements, le gendarme, affecté aux enquêtes frontalières du territoire, a toujours le sentiment du devoir accompli.