Un salaire minimum à 15 $ serait-il néfaste pour notre économie ?
L’idée d’augmenter le salaire minimum à 15 $ de l’heure provoque de nombreux débats depuis la tenue du Forum social mondial en août à Montréal.
Dans la Beauce, berceau de l’entrepreneuriat, cette idée n’est pas très bien perçue par le Conseil économique de Beauce (CEB).
«Ce serait néfaste pour les petites comme les grandes entreprises. Les salaires sont inclus dans les frais fixes du budget d’opération. S’ils (frais) sont trop élevés, les entreprises devront augmenter les prix de leurs produits ou faire de la sous-traitance dans d’autres pays où les salaires sont moins élevés», soutient Hélène Latulippe, directrice générale du CEB.
Celle-ci mentionne que le salaire minimum actuel de 10,75 $ l’heure touche principalement le secteur des services où l’on retrouve beaucoup d’étudiants et de jeunes retraités.
D’après elle, certains travailleurs au salaire minimum sont sous-scolarisés, mais ces derniers auraient accès à plusieurs moyens de prospérer au niveau professionnel.
«En Beauce, nous sommes très proactifs là-dessus. On n’a qu’à penser à la formation duale du CIMIC où des étudiants en soudage sont 50 % à l’école et 50 % en entreprise où ils reçoivent un salaire», précise-t-elle.
La valeur de l’argent varierait aussi grandement d’une région à l’autre. «Le salaire minimum à Montréal, c’est sûr que ce serait peu. En Beauce, on n’a pas les mêmes frais pour vivre», rappelle Hélène Latulippe.
Avis comptable
Comptable chez Blanchette Vachon, Michel Vallée mentionne que les salaires représentent la plus grosse dépense d’une entreprise de services, ce qui n’est pas toujours le cas dans les autres domaines professionnels.
«Une entreprise manufacturière peut ajuster plus facilement ses prix avec les matières premières, car elle vend un produit et non pas de la main-d’œuvre», mentionne-t-il.
Passer rapidement de 10,75 $ à 15 $ de l’heure pour le salaire minimum mènerait à un statuquo économique selon lui. «Quand les salaires augmentent, le produit est vendu plus cher. Les gens au salaire minimum n’auraient pas vraiment plus d’argent», ajoute celui-ci.
Une hausse trop substantielle des salaires pourrait également mener à la disparition de certains secteurs entrepreneuriaux.
«Dans le monde du meuble, plusieurs entreprises d’ici sont disparues au profit de produits fabriqués dans d’autres pays entre autres parce que la main-d’œuvre coûte moins chère», dit-il.