Une relève entrepreneuriale se planifie tôt

Il est parfois difficile pour un entrepreneur de préparer le transfert de son commerce. La Chambre de commerce de Saint-Georges s’est intéressée à ce phénomène lors d’un panel de discussion le 5 avril au Georgesville.

Planificatrice chez Deflex Composite, Karyne Jacques est copropriétaire de cette entreprise à Saint-Victor spécialisée dans la confection de pièces en fibre de verre. Son père Serge a fondé la compagnie dont il est encore le président-directeur général.

«Je me suis senti démuni quand on a décidé du moment précis où le transfert aurait lieu. J’étais capable de fabriquer et d’emballer des pièces, mais ça ne fait pas de toi un bon gestionnaire. Ce n’est pas non plus comme prendre une clé USB et relire des notes avant de se coucher pour savoir comment ça marche», dit-elle.

Travaillant à la Meunerie de Saint-Frédéric depuis 1982, François Vachon a occupé des postes manuels et en vente avant de devenir le président-directeur général en 2012. Il est copropriétaire avec ses frères et sœurs. La meunerie possède un chiffre d’affaires de 16 M$ dans le domaine des produits et services agricoles.

«Dans notre tête, on pense qu’on est encore jeune, mais le corps ne suit plus. Je suis le plus jeune de la famille et je vois les autres s’en aller tranquillement. On doit s’occuper de la relève pendant que ça va bien dans l’entreprise. Notre plan d’action a été mis en place en 2015 et le gros défi reste le côté humain», confirme-t-il.

Éliminer les résistances

Intervenante organisationnelle en relève à son compte, Nancy Grégoire se voit comme une facilitatrice de la communication entre les différents partis. Elle anime notamment des conseils de famille et gère les non-dits.

«L’entrepreneur veut que son entreprise lui survive, car c’est toute sa vie. Un temps d’apprentissage est nécessaire pour la relève. L’entrepreneur ne doit pas attendre juste pour vendre à son prix. Ce n’est pas comme une maison», mentionne celle-ci.

«On voit des résistances chez certains cédants et elles sont souvent aux mêmes endroits. Comme la majorité du patrimoine a été investi dans l’entreprise, on doit aussi regarder la capacité de payer les cédants après le transfert», d’ajouter Steeve Vachon, associé en fiscalité et transfert d’entreprise chez Raymond Chabot Grant Thornton.

Deflex Composite a fait affaire avec Nancy Grégoire pour planifier le transfert de pouvoir qui se poursuit toujours. «Pour bien se préparer, on a aussi fait des rencontres avec des fiscalistes, des comptables et des notaires. Il faut poser les questions aux bonnes personnes», dit Karyne Jacques.