Une vie remplie de tempêtes et de réussites pour Angèle Bouffard

Originaire de Saint-Victor, Angèle Bouffard a présenté sa conférence intitulée Oser créer: parcours et réflexions d’une femme d’action le mercredi 28 novembre, au restaurant Y Pizza de Beauceville. Pour l’occasion, elle y a raconté les tempêtes et les réussites qui ont enrichi sa vie.

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Née sur la ferme familiale Beaucevic, entreprise agricole autrefois laitière qui se consacre maintenant aux grandes cultures biologiques, Angèle Bouffard s’est engagée dans la communauté beauceronne dès son plus jeune âge. Celle qui a toujours connu beaucoup de succès à l’école a notamment dirigé la chorale de Saint-Victor et a été coach de cheerleading au Séminaire de Saint-Georges.

Cette dernière s’est exilée à Montréal à sa majorité et y a travaillé pendant deux ans, avant de s’envoler pour la Pologne et la Roumanie et d’y faire une partie de ses études universitaires.

Inspirée par le défi de rendre le monde plus juste, équitable et inclusif et de faire la différence au sein de différentes communautés à travers le monde, elle a travaillé en Europe, en Afrique et en Amérique latine pour diverses organisations.

Détentrice de nombreux diplômes, tant en sciences politiques et en relations internationales qu’en études féministes et en agriculture biologique, celle qui est aujourd’hui directrice de sa propre entreprise nommée Oser Créer estime que ce sont essentiellement les voyages qui ont fait d’elle ce qu’elle est devenue aujourd’hui.

Consciente de ses privilèges

C’est lors de son périple au Burkina Faso, en 1991, et à El Salvador, peu de temps après, que Mme Bouffard a eu son premier grand choc culturel. «J’ai fait plusieurs découvertes sur le rôle des femmes et des hommes en côtoyant la surpopulation et l’extrême pauvreté», confie-t-elle.

Elle a alors commencé à militer plus activement pour les droits humains des réfugiés, des moins nantis et des sans-abris, ainsi que pour la justice sociale, puis s’est impliquée bénévolement au sein de l’Association américaine des juristes et en donnant des conférences universitaires sur la violence contre les femmes, entre autres.

La conférencière Angèle Bouffard s’est adressée à un public composé d’une vingtaine de personnes mercredi dernier.

Tout à fait consciente de ses privilèges, elle a tenu à rappeler aux gens sur place qu’ils ont tous le pouvoir de changer les choses à leur façon. «J’ai une vie intense, oui, mais je ne suis pas plus extraordinaire ni plus bionique que vous autres. Je suis simplement guidée par un moteur qui ne s’éteint jamais», mentionne-t-elle.

Ouverture d’esprit

Ayant parcouru le globe à plusieurs reprises, Angèle Bouffard a utilisé la métaphore du voilier pour expliquer les différentes étapes de sa vie la semaine dernière.

«Entre plusieurs mers, il y a des ports. Pour arriver à lever les voiles d’un voilier, ça prend toute une gestion d’équipe. On ne fait pas ça seul. On a besoin de s’entourer des bonnes personnes», explique-t-elle. Dans son cas, les membres de sa famille sont ses principaux points de repère.

Il est également primordial, selon la conférencière, de faire preuve d’une grande ouverture d’esprit non seulement à l’international, mais aussi chez soi.

«Pour arriver à rejoindre l’autre, il faut quitter le bord de l’eau, aller plus loin et prendre des risques. Si on veut être en mesure de communiquer adéquatement ses pensées, il faut apprendre le langage de son interlocuteur et avoir suffisamment de respect pour ne pas le brusquer», renchérit la principale intéressée.

Vagues et tempêtes

Angèle Bouffard estime avoir connu quelques tempêtes en 50 ans. Enceinte à 18 ans, elle a d’abord subi le jugement de certains citoyens de sa municipalité natale. «J’ai été obligée d’arrêter la chorale car je devenais une honte pour mon village. Mes parents ont aussi mal réagi à cette annonce à cause des valeurs catholiques qui les habitaient profondément», raconte-t-elle.

Le diagnostic de schizophrénie de son frère Pierre, la maladie de Crohn qu’elle a elle-même développée, ses deux accidents de voiture et le départ de son père, décédé des suites de la maladie de Lou-Gehrig, sont des événements qui l’ont aussi particulièrement bouleversée.

Bien qu’elle ait dû faire face à plusieurs affronts au cours de sa vie, la Beauceronne a toujours décidé de surfer sur les vagues qui se présentaient à elle. «L’eau ne reste jamais calme. On doit composer avec les mouvements tout au long de notre vie.  Il s’agit simplement de trouver et d’identifier son phare, son guide et sa destination», conclut-elle.