Zone d’intervention spéciale: les Beaucerons voient rouge

Ce qui se voulait une réunion de consultation s’est rapidement transformé en dialogue de sourds entre les représentants du gouvernement et les quelque 400 personnes sinistrées, le jeudi 4 juillet au Centre Caztel de Sainte-Marie.

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L’objectif était de prendre les commentaires et les suggestions des citoyens sur la création d’une zone d’intervention spéciale qui devrait permettre à l’avenir de mieux gérer les inondations, d’appliquer des principes de prévention et de précaution. En attendant une décision finale, un moratoire existe sur la construction et la reconstruction dans les secteurs identifiés.

«On dirait que vous avez échappé un pot de peinture rouge sur vos cartes», a indiqué Luc Provençal, député de Beauce-Nord, en faisant référence aux zones délimitées par cette couleur sur les propositions gouvernementales. «Les cartes sont pleines d’erreurs majeures qui font paniquer les gens qui n’ont pas besoin, actuellement, d’un stress additionnel», a ajouté celui qui a déjà été maire de Beauceville et pour qui il est impensable que le centre-ville de cette municipalité puisse être déménagé ailleurs.

En effet, plusieurs citoyens se sont inquiétés que leurs résidences se retrouvent du jour au lendemain en zone inondable alors qu’ils n’ont jamais subi d’inondation. Ils se plaignent du caractère arbitraire de ces sections en rouge. «Ce sont des propositions faites à partie de données satellitaires. Il aurait sans doute été judicieux qu’on vienne rencontrer les élus pour voir la réalité sur le terrain», a renchéri Pierre Gilbert, le maire de la Ville de Saint-Joseph.

Pierre Drouin, directeur régional par intérim du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, a indiqué que les zones seront peaufinées au cours des prochaines semaines pour répondre plus adéquatement à la réalité.

«Je pensais que ce serait une rencontre pour les sinistrés, qu’on parlerait des vraies affaires, nous donner des réponses, des solutions. Les discussions sur le zonage, il me semble que cela est trop tôt. Nous, ce qu’on veut savoir c’est ce que nous pouvons faire maintenant avec nos maisons», a précisé Patrick Martel, résident de Sainte-Marie qui résumait le sentiment d’une très grande partie des sinistrés présents.

Des solutions

Malgré tout, des pistes de solutions ont été transmises au gouvernement. Martin Rodrigue, de Sainte-Marie, a rappelé qu’il y a quelques années, une étude produite par Techsult proposait la réalisation d’un barrage en amont de Beauceville ainsi que le dragage d’une bonne partie de la rivière. Bruno Gilbert, de Sainte-Marie, a ajouté que des bassins de rétention étaient également prévus sur quelques tributaires de la Chaudière pour freiner l’arrivée de l’eau dans la rivière.

On n’a beaucoup parlé de dragage qui apparaît pour plusieurs comme une solution incontournable. «Il faudrait commencer par le début, soit la rivière. Avant, on en faisait le dragage et les inondations importantes étaient limitées. Maintenant, la rivière est pleine, elle ne peut plus suffire à la tâche», a précisé Patrick Martel de Sainte-Marie.

Certains ont également pointé du doigt certaines erreurs du passé qui font que la rivière n’a plus les déversoirs naturels pour l’eau des crues et qu’elle n’a plus que les villes pour évacuer son trop-plein. On a parlé en particulier de surélèvement de terrains, de constructions de routes et de ponts.

Le mot de la fin revient à Bruno Lessard, de Saint-Joseph, qui a lancé en boutade : «Quand je suis né, il y a 40 ans, les inondations se limitaient aux routes le long de la rivière. Puis, parce qu’on a rien fait, elles n’ont cessé d’augmenter. Dans 40 ans, les crues vont se rendre jusqu’où? Saint-Frédéric? Tring-Jonction?». La foule a eu, au moins, un moment où elle pouvait rire un peu malgré la déception de la soirée.