Sœurs de la Charité de Saint-Louis : une page d’histoire se tourne 

En raison d’un manque de personnel, les Sœurs de la Charité de Saint-Louis ont vendu le Centre Molé situé à Saint-Côme-Linière. Il s’agissait du dernier vestige de cette congrégation religieuse en sol beauceron, qui possédait autrefois des couvents à Saint-Martin et Saint-Gédéon.

Centre de ressourcement chrétien, le bâtiment appartient maintenant à la Communauté des serviteurs du Christ Vivant. Renommé l’École d’évangélisation père Émilien Tardif, il accueillera certaines activités semblables à celles du Centre Molé.

« Nous sommes heureuses de faire cette passation à une autre communauté. Même si nous faisions appel à des personnes-ressources, la gestion du centre demandait beaucoup de temps (aux sœurs). Notre communauté rapetisse et les sœurs restantes prennent de l’âge », dit Sœur Marie-Rose Grenier, qui s’est chargée de la transaction entre les deux groupes.

Édifice centenaire

Le bâtiment a eu diverses missions au cours du temps. C’est en 1908 que le curé Joseph Élie Breton, à ses frais, fait construire un couvent sur la 19e Rue. Il deviendra un lieu de résidence pour les sœurs et une école paroissiale.

Le Centre Molé est situé près de l’école Kennebec.

« Il y avait des élèves en pension et des enfants venant de différents villages. Ça dépassait largement la communauté de Saint-Côme-Linière », indique Sœur Béatrice Parent, responsable des archives locales de la congrégation.

Avec la laïcisation du système d’éducation dans les années 1960, le couvent devient l’Institut Molé. Ce juvénat sera consacré aux femmes désireuses de faire le saut dans la vie religieuse. Sœur Lucie Lachance, native de Saint-Robert-Bellarmin, y a été pensionnaire.

« La congrégation était ouverte d’esprit. Nous étions une grande famille qui a offert une contribution au développement régional », mentionne-t-elle.

L’enseignement aux élèves du secondaire se poursuivra jusqu’en 1974, les enfants du primaire allant plutôt à l’école Kennebec. Après de multiples rénovations, le couvent devient le Centre Molé en 1979.

« Au début, il y avait notamment des camps de jeunes et des sessions de préparation au mariage. C’est en 1982 qu’on a ajouté d’autres activités à la suite d’un comité de réflexion », explique Sœur Parent.

Témoin de cette implication

Ressourcement, journée de guérison, prière de consentement, agapè, séjour de silence, souper fraternel, adoration, hébergement, etc. : le Centre Molé aura offert une multitude d’activités sur quatre décennies.

Les sœurs Marie-Claire Gouin, Gemma Blais, Lucie Lachance, Béatrice Parent et Marie-Rose Grenier sont toujours membres de la congrégation.

Sœur Marie-Claire Gouin était aux premières loges. Jusqu’en 2019, elle a dirigé entre autres des sessions d’agapèthérapie. Ce concept aide le participant à guérir ses blessures intérieures au sein d’un cheminement spirituel.

« Les ateliers duraient jusqu’à cinq jours. On remettait les personnes debout en rendant leur foi plus vivante. Les visiteurs venaient d’aussi loin que Montréal et les États-Unis », se souvient-elle.

Aujourd’hui, les religieuses restantes (une vingtaine) vivent dans trois maisons à Saint-Georges. Septuagénaires ou octogénaires, elles sont fières du travail accompli par la congrégation.

« Les communautés religieuses ont contribué à l’éducation et à la santé de nombreux Québécois. Aujourd’hui, j’ai peur de l’indifférence (envers la spiritualité). Le recrutement est difficile (nouvelles sœurs), mais il n’y a aucune gêne à exprimer sa foi autrement », conclut Sœur Grenier.

Quelques faits sur les Sœurs de la Charité de Saint-Louis

  • La congrégation a été fondée en 1803 par la Française Louise-Élisabeth de Lamoignon. Elle donne comme patron à sa congrégation saint Louis, en l’honneur du roi Louis IX surnommé « l’ami des pauvres ».
  • Avant son entrée en religion, elle était mariée à son cousin François-Édouard Molé. Louise-Élisabeth devient comtesse Molé de Champlâtreux, son mari mourant sur l’échafaud en 1794. Elle aura eu cinq enfants précédant son veuvage.
  • En raison de lois antireligieuses votées par le Parlement français, la congrégation envoie des sœurs au Canada afin de poursuivre sa mission d’évangélisation. Dans la région, elles s’installeront dans des couvents à Saint-Gédéon, Saint-Martin et Saint-Côme-Linière.
  • Dix-sept autres communautés régionales accueilleront des sœurs entre 1907 et 2021, dont Saint-Zacharie, Saint-René, Saint-Ludger, Saint-Honoré-de-Shenley et Notre-Dame-des-Pins. Vivant en logement, elles s’occupaient de l’enseignement dans les paroisses et de services ecclésiastiques, dont l’animation des chorales et la pastorale des sacrements.
  • Outre le Canada et la France, la congrégation est présente dans huit pays. Les maisons de formation, accueillant les nouvelles religieuses, sont situées en Haïti, à Madagascar, au Sénégal et au Mexique.

Source : soeursdelacharitestlouis.org