Les quincailleries veulent fermer le dimanche

COMMERCE.  Afin de répondre au manque criant de main-d’œuvre, l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de la construction (AQMAT) a demandé au gouvernement du Québec de légiférer afin que les quincailleries soient fermées le dimanche.

Pour Richard Darveau, président et chef de la direction de l’AQMAT, sans une telle législation, la pénurie de personnel pourrait entraîner éventuellement la fermeture de quincailleries, principalement en région.

« Le rythme sur sept jours et plusieurs soirs s’est accru sous l’effet des surfaces généralistes aux horaires sans fin alors que les attentes des employés, en termes d’équilibre entre la vie au travail, la vie sociale et la vie de famille, se font plus manifestes. Il en résulte que les quincailleries sont appelées à disparaître », a-t-il écrit dans une lettre ouverte transmise aux médias.

Un gros problème

« Nous avons réellement un gros problème de recrutement de personnel », indique Stéphane Gagné, directeur de cinq succursales BMR La coop alliance dans la région, dont celles de Saint-Georges et de Saint-Éphrem.

« Nous avons dû fermer la quincaillerie de Lambton pendant une semaine pendant les vacances de la construction, ou encore en fermer une autre sur l’heure du dîner le samedi. On n’a jamais vu cela », se désole-t-il.

« C’est sûr que les emplois que nous offrons ne sont pas très « sexy », avec des heures les soirs et la fin de semaine », illustre M. Gagné. De plus, il ajoute que s’il existe une usine à proximité, qui offre de meilleurs salaires, il comprend que les jeunes préfèrent l’usine au commerce de détail.

En fermant le dimanche pour offrir à tous une journée de congé, les petites quincailleries s’assureraient de garder leurs employés d’expérience et d’en attirer de nouveaux.

Des avantages pour tous

Le problème ne se pose pas pour les très grands centres de rénovation, mais il est criant pour les marchands-propriétaires comme Dominique Rosa de la Quincaillerie Home Hardware de Beauceville. « Je ne crois pas que, comme nous, les propriétaires ou directeurs de ces grandes surfaces aient besoin de se présenter au travail les fins de semaine ».

Pour M. Rosa, l’ouverture six jours par semaine, tout en permettant aux employés de souffler un peu, offrirait un meilleur service à la clientèle. « Nous aurions des équipes plus fortes sur le plancher puisque cela assurerait de mieux répartir la présence de nos employés d’expérience tout au long des heures d’ouverture. Ce serait un avantage pour tout le monde, tant les clients que les employés », confie-t-il.

M. Rosa indique d’ailleurs que les commerces ont été fermés les dimanches pendant six semaines en plein cœur de la pandémie. « Les clients se sont ajustés à cette réalité. Ils pourraient le faire à nouveau et profiter, eux aussi, d’une journée de congé ».

Fin de non-recevoir

Le gouvernement du Québec a répondu par la négative à la demande de l’AQMAT. Pas question de changer la loi sur l’ouverture les dimanches.

« Nous n’avons pas dit ni écrit notre dernier mot, affirme Richard Darveau. Dès la fin des vacances de la construction, des actions seront entreprises pour qu’un débat de société de fond s’engage sur ce sujet ».

Notons que cela fait cinq ans que l’AQMAT fait cette requête au gouvernement, soit bien avant la pandémie. Mais l’actuelle crise de la main-d’œuvre, qui se retrouve dans tous les secteurs de l’économie, n’a fait qu’empirer un problème qui existait déjà pour les quincailliers.