Cidrerie enracinée parmi les pommiers sauvages  

Il y a trois ans, la famille Beauséjour amorçait le développement d’une cidrerie avec leurs pommiers sauvages, sur une terre de sept hectares à La Guadeloupe. En septembre 2024, Simon, Alain et Sylvie ont ouvert officiellement la Cidrerie l’Enraciné, un type de projet rare en Chaudière-Appalaches.

Les 600 pommiers de cette terre, aux floraisons différentes, sont uniques en raison de leur propagation par semis. Dans le jargon agricole, on parle de sauvageons (arbres non greffés), contrairement aux pommiers par propagation végétative (traditionnels). Chaque pommier possède ainsi un goût et une texture différente.

Après de multiples essais, la Cidrerie l’Enraciné a conçu trois cidres : Bois libre (100 % sauvage), Bois tendre (100 % traditionnel) et Bois de cœur (moitié-moitié). « On a une entente avec le verger biologique À la croisée des pommes, de Saint-Joseph-du-Lac (Laurentides), où l’on se procure des pommes traditionnelles », précise Alain Beauséjour, copropriétaire avec son père Alain et sa mère Sylvie.

Comme la fermentation dure huit mois, et qu’une autre année est nécessaire pour le mûrissement en bouteille, les premiers cidres ont effectué leur apparition à l’automne 2023 dans divers commerces. Maintenant, les visiteurs peuvent acheter et goûter les produits directement à la cidrerie.

« On a eu notre permis de vente d’alcool cette année pour le faire à la cidrerie. […] Les deux premières années de l’entreprise, on a travaillé beaucoup sur les installations et la production. Il fallait également faire approuver nos étiquettes, tout en respectant le rythme naturel des pommiers », explique Alain Beauséjour.

Croissance organique

Au lancement officiel de l’entreprise, le 14 septembre dernier, plusieurs dizaines de visiteurs parcouraient les sentiers du verger. Alain Beauséjour prenait plaisir à expliquer les propriétés de chaque pommier.

Lors d’une rencontre avec le journal en septembre 2021, le patriarche voyait tout cela comme un beau projet de fin de carrière. Il souhaitait laisser un legs aux prochaines générations, un défi que voulait relever son fils.

« Dans une croissance organique, on vise entre 3500 et 5000 bouteilles par année. […] On n’est pas dans un projet où l’on veut sortir des produits (en volume) le plus rapidement possible. Le temps reste un ingrédient très intéressant dans les alcools. Un processus de deux ans, pour arriver à un cidre, il y a peu de cidreries au Québec qui font ça », d’affirmer Simon Beauséjour.

Pour lui, la Cidrerie l’Enraciné se situe à cheval entre la cueillette sauvage et la permaculture. « Cette grande biodiversité se reflète dans nos cidres. La conduite des fermentations en chai est celle de l’artisan », dit-il, ajoutant que l’entreprise possède les atouts nécessaires pour faire face aux changements climatiques.