Éliminer le mythe de la cour toujours pleine

Durant la pandémie, les concessionnaires automobiles se sont retrouvés avec une faible quantité de véhicules en stock. Des cours paraissent toujours moins garnies, mais cet aspect représente un jugement fautif sur la santé financière de ces entreprises.

Chez Auto du Boulevard Kia, à Notre-Dame-des-Pins, les ventes n’ont pas été freinées par la COVID-19. Comme ses concurrents, l’entreprise faisait face à des délais importants de livraison. La production de véhicules et composants électroniques a repris son rythme de croisière, KIA Canada tirant toutefois des leçons de la crise sanitaire.

« Les gens magasinent davantage sur Internet avant de venir nous rencontrer. Ils connaissent leurs besoins et leur budget. On confirme la livraison dans un délai de quatre à six mois selon le modèle et ses options. Dans le cas des locations, on contacte nos clients un an avant la fin du contrat pour donner des options », dit Carl Lessard, responsable de la satisfaction à la clientèle.

Frais et intérêts

Les profits d’un concessionnaire sont liés directement à la vente ou location des véhicules. Entretemps, il assume des coûts de financement afin d’entreposer les voitures sur son terrain. Lorsque le concessionnaire cumule trop de véhicules non vendus, les frais fixes augmentent rapidement.

« Avec la hausse des taux d’intérêt, c’est mieux de commander selon les désirs précis du client. Toutes les voitures livrées se vendent immédiatement. Je ne crois pas qu’on va revenir aux cours remplis de véhicules. Cependant, on s’assure d’avoir au moins un exemplaire de chaque modèle sur place, au cas où l’acheteur veut l’essayer », précise M. Lessard.

Daniel Paradis, directeur des ventes chez St-Georges Toyota, confirme que son concessionnaire vit une situation similaire. « Les clients sont compréhensifs. Les VUS et voitures hybrides représentent la grande majorité de nos commandes. Le pick-up en région reste très fort », affirme-t-il.

Retour des rabais

Daniel Paré Dodge Chrysler possède des concessions à Sainte-Marie et Saint-Malachie. Les deux cours sont remplis de véhicules avec un haut taux de roulement transactionnel. François Drouin, directeur général des ventes, mentionne que son constructeur automobile (Stellantis) a mieux géré sa production que la concurrence.

« Nous sommes capables d’avoir des rabais sans trop gruger nos marges de profit. Le fait que nos marques soient américaines n’a rien à voir. Comme les marques importées, nos composantes électroniques sont fabriquées en Asie. Nous avons été touchés par une pénurie et la forte hausse du prix des véhicules », rappelle M. Drouin.

Une possible récession, l’an prochain, n’effraierait pas les acheteurs souhaitant se procurer un véhicule neuf.

« En 2021, on rachetait des voitures usagées plus chères que leur valeur à neuf. Les prix avaient explosé à cause d’un manque de voitures. Maintenant, les gens achètent neuf ou usagé selon leurs besoins », ajoute François Drouin.

L’équilibre de conservation entre le stockage et la vente mène surtout à un stress plus élevé chez les conseillers aux ventes. « Le vendeur est payé seulement à la livraison du véhicule. Il doit donc se garder une bonne banque dans les commissions reçues », pense Carl Lessard.