Ferme Gédésoeufs : Relever ses manches après un incendie 

Le soir du 29 décembre 2023, Charles-Éric et Paulin Bouchard perdaient 20 600 pondeuses dans l’incendie de la ferme Gédésoeufs à Saint-Gédéon-de-Beauce. Le duo, malgré l’ampleur de cette catastrophe, a reconstruit le poulailler au même endroit. Celui-ci est entré en activité le 13 janvier 2025.

« Malgré l’enquête, la cause de l’incendie reste inconnue. […] Le ciment des fondations étant intact, on voulait reconstruire rapidement. Nous sommes des travailleurs autonomes. Une ferme qui ne marche pas, c’est zéro revenu », rappelle Charles-Éric Bouchard.

Les 20 600 poules de la ferme Gédésoeufs pondaient dans une voilière. À la ferme Paulin Bouchard, voisine de l’autre, 35 500 pondeuses vivaient en système enrichi. « Le système de l’autre ferme avait déjà fait ses preuves. […] On s’enlignait vers un contexte de croissance [avant l’incendie]. Avec la nouvelle ferme, nous sommes rendus à 35 000 pondeuses sur six étages », mentionne Charles-Éric.

Au cœur de cette méthode, les poules ne se trouvent pas au sol. Elles ont accès à des perchoirs et tapis pour gratter leurs pattes. La ponte se déroule dans une section cachée par des toiles, sous une lumière tamisée. Les œufs, glissant sur des tapis en pente reliés à des courroies, sont transportés jusqu’aux élévateurs. Poussés ensuite vers le système d’emballage, ils se retrouvent emballés en paquet de 30 alvéoles.

Quant aux excréments, ceux-ci passent par une grille et échoient sur une courroie menant à l’extérieur de la ferme. « On s’en sert comme fumier dans nos champs de maïs et soya. Nous concevons, avec ça, 80 % de la moulée des poules », explique l’agriculteur de 29 ans.

Les poussins, élevés à la ferme Paulin Bouchard, deviennent des pondeuses aux deux fermes après 19 semaines d’élevage. « Après un an, on les envoie à l’abattoir en raison de la diminution des pontes », dit M. Bouchard.

De la mayonnaise à l’épicerie

Initialement, la ferme Gédésoeufs envoyait toute sa production chez Hellmann’s pour la conception de la mayonnaise légère. Le contrat prenant fin avec l’incendie, les œufs se retrouvent aujourd’hui en épicerie comme ceux de la ferme Paulin Bouchard. Nutri-Œuf, société de commercialisation, achète les œufs en question.

« Chaque poule pond en moyenne un œuf par jour. […] On ne craint pas une saturation du marché. Les œufs naturels et transformés sont très en demande. C’est une protéine abordable pour les consommateurs », maintient Charles-Éric.

Maintenant propriétaire unique de la ferme Gédésoeufs, il possède aussi 20 % des parts de la ferme Paulin Bouchard, le reste appartenant à son père. « Il m’a transféré des quotas pour que j’achète toute la ferme (Gédésoeufs). On a une bonne entente et la même vision, mais mon père n’est pas prêt à prendre sa retraite », indique le fils.

Pour la reconstruction du bâtiment, il s’est entouré d’entrepreneurs locaux. « Nous avons également reçu plusieurs messages de soutien après l’incendie. On est heureux d’avoir un impact positif dans notre communauté », conclut celui-ci.