La nudité dans l’art
L’artiste beauceronne Diane Pomerleau présente sa collection d’œuvres qui exposent la nudité humaine, créées lors d’ateliers libres de modèle nu entre 1994 et 2010. Le public peut découvrir ses dessins au centre culturel Marie-Fitzbach, à Saint-Georges, jusqu’au 10 novembre.
La nudité dans l’art ne date pas d’hier. Elle remonte jusqu’à la période paléolithique, soit entre 28 000 et 25 000 ans avant notre ère, avec l’apparition d’une statuette d’un corps féminin. Par la suite, elle a évolué à travers les différentes époques comme la Grèce antique, le Moyen Âge, la Renaissance et le Baroque. Au cours de l’histoire, elle a été représentée sous différents médiums tels que le dessin, la sculpture et la peinture. C’est à partir du XIXe siècle que le nu d’atelier s’est imposé comme un genre à part entière.
Les séances de dessins devant un modèle nu fonctionnent sur différents temps, puisque le modèle a besoin de prendre des pauses.
« Ces ateliers sont exigeants pour nous qui dessinons, mais aussi pour le modèle qui tient la pose. Il y a une période de réchauffement d’une minute, ensuite deux, cinq et quinze minutes. Selon l’endurance du modèle à tenir la pose, la plus longue dure de 30 à 40 minutes », explique Mme Pomerleau. Bien que la démarche soit très simple, par le dessin, ces ateliers sont les plus redoutés et les plus exigeants exercices pour des artistes. Mme Pomerleau a assisté régulièrement à ces ateliers, pendant des années, pour le plaisir de relever le défi.
Saisir les mouvements corporels
« Lorsque le modèle change de position, le défi est de saisir le mouvement, le geste, ce qui développe l’observation.On oublie ce qu’on sait pour s’en tenir sur ce que l’on voit devant soi : se concentrer sur les formes, les ombres, les lumières et rendre le corps humain dans toute sa beauté. On dessine sur deux dimensions, mais on doit suggérer la troisième dimension », indique l’artiste originaire de Saint-Georges.
Bien que les oeuvres de modèle nu existent depuis des siècles, ceux-ci provoquent encore une réticence face à l’exposition de la nudité comme si chaque personne était confrontée à sa propre image corporelle.
« La première fois que j’ai proposé mes dessins, j’ai senti une petite gêne auprès de l’organisation, car des enfants d’écoles primaires allaient les voir. Ces dessins sont de l’art et non du voyeurisme. Ça fait partie de l’éducation chez les jeunes. On voit de la nudité partout, même dans les tableaux présentés dans les cathédrales » souligne-t-elle.
« Un jour, une dame m’a témoigné que mes dessins la réconciliaient avec son propre corps, car elle voyait la beauté dans les formes… Tout est dans le regard », conclut Diane Pomerleau.