Le design colore et décore la Beauce 

Développer des programmes d’études en région, face aux grands centres urbains, représente un défi pour les établissements collégiaux. Le Cégep Beauce-Appalaches possède quelques réussites à ce chapitre, dont le programme Techniques de design d’intérieur au campus de Saint-Georges. 

Seulement huit cégeps proposent ce programme dans leur cursus. Chez nous, plus d’une centaine de personnes ont obtenu leur diplôme technique en design d’intérieur depuis son lancement en 2013. 

Audrey Gosselin collaborait à la mise en place du programme avant l’arrivée des premiers étudiants. Designer de profession, elle souhaitait transmettre sa passion à d’autres générations. 

« Au départ, j’étais la seule enseignante du département. Nous sommes maintenant une équipe de six. J’adore les défis dans ce travail où l’on doit se garder à jour. On pousse nos étudiants à faire preuve de force technique et de créativité », dit-elle.

Sur une période de dix ans, Audrey Gosselin a constaté de nombreuses évolutions en classe et dans la formation. « Je donne un cours sur les maisons patrimoniales où l’on fait appel à l’histoire de l’art. Une grande part du métier se fait aussi dans l’ombre avec la conception assistée par ordinateur », précise celle-ci.  

Essentiel ou superflu ? 

Les designers créent, développent et proposent des concepts d’aménagement d’intérieur pour des immeubles résidentiels, commerciaux, industriels et publics. Ces personnes travaillent en collaboration avec différents partenaires, comme les architectes, ingénieurs, entrepreneurs et fournisseurs de services spécialisés.  

À une époque où l’on parle abondamment de crise du logement, la notion de design peut sembler superflue. Sonia Cadoret, enseignante depuis 19 ans au Cégep Beauce-Appalaches, réfute cet argument. 

« Construire rapidement n’est pas la solution unique. Ce n’est pas non une simple question d’argent. On peut loger la population en accentuant le beau et le pratique. Je suis certaine que notre programme perdurera », mentionne-t-elle.  

Patricia Poulin, autre enseignante du département, démystifie un autre point essentiel : les émissions télévisées de design ne concordent pas à la réalité. 

« On voit la première rencontre avec le client et le résultat final. Toutes les étapes de réalisation et la compréhension des règles d’aménagement, on ne les voit pas. C’est un métier polyvalent et touche-à-tout. On doit mettre ensemble plusieurs casse-têtes », rappelle Mme Poulin.

Accent d’écologisme 

Le programme Techniques de design d’intérieur possède deux particularités. Les âges des étudiants sont très variables, certains d’entre eux venant d’un autre continent. Delphine Jacques, 38 ans, remplit ces deux critères.

Étudiante en deuxième année, elle a quitté la France pour s’établir au Québec avec son conjoint. Retourner aux études n’avait rien d’effrayant pour Delphine qui possède un but ambitieux : rendre nos maisons plus écologiques par le design.

« Ce lien demeure possible entre la consommation et la cohabitation avec l’environnement. Je voulais m’établir ici pour la proximité étudiant-enseignant. Je n’aurais jamais trouvé ça à Montréal », affirme Mme Jacques. 

Pour les lecteurs curieux, des vernissages de fins d’études (2020 à 2023) peuvent être visionnés sur la page YouTube Cégep Beauce-Appalaches.