Le ministre Drainville prône davantage de rigueur et de respect
ÉDUCATION. Les centres de services scolaire de la région peuvent à nouveau offrir des services de francisation, grâce à de nouvelles sommes allouées par Québec il y a quelques jours. S’il se réjouit de la chose, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, se dit conscient que l’initiative gouvernementale ne comblera pas tous les besoins, mais prévient les gestionnaires que les coffres de l’État ont leurs limites.
« C’est clair que ça ne comblera pas tous les besoins, mais l’immigration temporaire a augmenté considérablement au Québec. Nous avons investi comme jamais dans la francisation des adultes, sans parler des enfants », a-t-il insisté, lors d’un récent passage dans Bellechasse.
Pour lui, il est clair que la capacité de payer du contribuable n’est pas infinie. « On a augmenté les budgets en francisation, créer davantage de places, sauf qu’on a atteint une limite. On essaie de limiter les contrecoups et s’assurer que celles et ceux ayant entamé une démarche de francisation puissent la reprendre éventuellement. On ne peut pas toujours dire qu’il y a ou aura toujours de l’argent, ce n’est pas vrai ça. Nous sommes arrivés à la limite. »
Il fait valoir que le budget de l’Éducation a augmenté de 50 % en six ans, de même que le budget d’entretien, de construction et d’agrandissement de 150 %, passant de 9 G$ à près de 23 G$. « Il y a eu une belle augmentation, mais on entre dans une période où il faudra respecter les budgets. C’est vrai aussi ailleurs, comme en santé, il faudra qu’on soit plus discipliné et plus vigilant. »
Retour du respect et des sanctions ?
Par ailleurs, les cas d’incivilité sont à la hausse dans la région, selon des sondages réalisés par différents syndicats d’enseignants en Chaudière-Appalaches. Ceux-ci indiquent que plus de 70 % des enseignantes et enseignants estiment que les incivilités ont augmenté au cours des deux dernières années et 30 % se sont dit eux-mêmes victimes d’incivilité au moins 1 à 4 fois par jour.
Invité à commenter ces données, le ministre Drainville s’est dit bouleversé de voir que ce type de situations est à la hausse. La chose le désole et il estime qu’une culture du civisme doit être mise en œuvre.
« J’ai tellement aimé mes maitresses d’école, alors je ne comprends pas. Un élève qui frappe un enseignant ou une enseignante, qui crache, la griffe au visage ou lui fait du mal, c’est inconcevable. Cette hausse des cas de violence me touche et je trouve cela inacceptable. C’est pourquoi un plan de lutte contre la violence a été mis sur pied et on demande aux écoles de le maintenir à jour », résume-t-il.
Il ne vise pas que les élèves dans ses propos, faisant aussi appel aux parents dans la suite des choses. « Des parents sont intenses. Je parle d’une minorité, mais certains ne sont pas respectueux du travail fait par les enseignants, des secrétaires d’école, les directions et le personnel en général. Certains se font engueuler comme du poisson pourri par des parents qui franchissent des limites et envoient de mauvais exemples aux enfants avec des comportements du genre. »
Il précise que le premier ministre François Legault a d’ailleurs commandé des choses sur le sujet. « Il faut travailler pour ramener plus de civisme et plus de respect dans nos écoles, c’est clair, et on aura des choses à proposer et annoncer dans les prochains mois là-dessus. Ça ne coûte pas cher de dire vous. Dans bien des écoles, c’est comme ça quand on s’adresse aux enseignants ou aux éducatrices. C’est une marque de respect pour leur fonction ».
Cela dit, il ne remet pas en question le mandat du Protecteur de l’élève, mis en place à la rentrée d’automne 2023, alors que son rôle est remis en question parfois par certains enseignants.
« Il faut que ces comportements se résorbent. Quand un élève a des comportements d’intimidatrice ou d’intimidateur, il faut donner une deuxième chance. Il faut aussi lui faire comprendre le tort qu’il fait aux autres. Ça fait de la peine, ça blesse et ça peut avoir des conséquences pour la vie. »
Il n’hésite toutefois pas à suggérer que le mot sanction revienne dans le vocabulaire des directions d’école. « Si tu ne comprends pas et que tu récidives, il devrait y avoir sanction. Ça ne doit pas être le premier réflexe, mais il faut aller là. Il y en avec qui le travail de sensibilisation va marcher, sauf que dans certains cas, non, et on doit sévir. Ce n’est pas aux autres élèves de subir cette violence et cette intimidation. Eux aussi, on doit les protéger », martèle-t-il, en terminant.