Les cimetières changent de visage

Les cimetières, comme les funérailles, changent de visage en raison des nouvelles façons de faire offertes aux familles.

Notre population est vieillissante et on s’attend à ce qu’il y ait plus de décès dans les années à venir, même si on sait que nos aînés vivent plus longtemps.

« La population est vieillissante et plus en santé. La période plus critique est, selon moi, les personnes dans la tranche d’âge entre 57 et 70 ans, en raison des cancers. Mais en même temps, il y a beaucoup plus de rémissions, ce qui fait que les personnes vivent plus longtemps », explique René Jr Veilleux, directeur général des services funéraires Roy et Giguère et du Parc commémoratif Chaudière-Appalaches. D’ailleurs, celui-ci voit une augmentation année après année, des préarrangements funéraires.

« En faisant leurs préarrangements, les gens enlèvent une tâche supplémentaire à leur exécuteur testamentaire, souvent leur enfant », dit-il. « Sur le plan financier, les intérêts ou une réévaluation des préarrangements n’augmenteront pas, puisqu’ils sont gelés. Si la personne décède dans 30 ans, l’inflation ou l’augmentation du coût de la vie ne sera pas à payer puisque tout a déjà été défrayé. »

La fin de l’âge des cercueils ?

De nos jours, il y a trois façons de disposer de la dépouille : au cimetière (dans un cercueil ou une urne), dans un columbarium ou dans une crypte (insérée dans un mur). Ceci dit, de moins en moins de gens choisissent les cercueils pour disposer de leur corps, ils préfèrent l’incinération (ou crémation).

« Les cercueils sont beaucoup plus onéreux, ils prennent plus de terrain et demandent de l’entretien », précise M. Veilleux.

« Avant 1964, mon grand-père embaumait dans les maisons. Moi-même, à 54 ans, j’ai déjà exposé dans des maisons privées. C’était la coutume de revoir et de toucher le corps, tandis qu’aujourd’hui, l’incinération est une forme de disposition du corps aussi importante pour les gens. »

Selon ce dernier, il y aura toujours de la place pour le cercueil, mais celui-ci est à la baisse pour à la fois une raison financière et de recueillement. Les parcs commémoratifs et le columbarium sont souvent préférés au cimetière paroissial.

« Dans un cimetière, on ne peut pas se recueillir lorsqu’il pleut, qu’il neige ou qu’il fasse très froid. Les gens aiment être avec les leurs et proches d’eux. Au parc commémoratif, la famille est réunie au même endroit, tandis que dans un cimetière, tu dois parfois marcher plus longtemps pour visiter la pierre tombale de chacun des proches », ajoute-t-il.

Lorsque le décès survient en hiver, le cercueil est placé dans un columbarium le temps que la terre dégèle. La famille doit ainsi attendre au printemps pour l’enterrer. « Il fut un temps où on pouvait accumuler de 12 à 15 cercueils. Maintenant, ce sont deux ou trois cercueils par année », souligne Romuald Lebreux, président de l’Assemblée de Fabrique pour les 12 communautés de Saint-Georges-Sartigan.

Des rites autrement

« Même chez les catholiques, les clients vont chercher à tout faire le même jour et au même endroit. Comme rite, ils vont chercher davantage à avoir des liturgies de la Parole plutôt que la messe, des témoignages ainsi que le goûter », précise René Jr Veilleux. Ce dernier ajoute que les gens endeuillés recherchent davantage un lieu illuminé et convivial, loin de l’image du lieu mortuaire sobre et classique.

L’arrivée des parcs commémoratifs et la crémation ont obligé les compagnies de monuments funéraires à adapter leurs pierres tombales à la grandeur des lots. On constate également que les gens préfèrent personnaliser leur épitaphe avec des dessins leur ressemblant plutôt que les traditionnelles croix ou motifs religieux.