Les plantes envahissantes se multiplient
Le phénomène des plantes envahissantes prend encore de l’ampleur dans la région. Après la berce du Caucase, la renouée du Japon et le nerprun bourdaine, voilà que le nerprun cathartique commence à faire son apparition.
Le constat a été réalisé récemment par l’Agence de mise en valeur des forêts privées des Appalaches, lors d’une démarche réalisée en collaboration avec la Fédération de la faune du Québec et l’Agence de la Chaudière. Celle-ci a permis d’identifier 46 occurrences de nerprun sur le territoire de Chaudière-Appalaches, indique Gabrielle Préfontaine-Dastous, biologiste à l’Agence des Appalaches.
Le nerprun est une espèce sournoise, car elle demeure aisément non détectée. Cet arbuste ou petit arbre possède plusieurs ressemblances avec des espèces indigènes souvent retrouvées dans les milieux naturels et aménagés, comme le cerisier à grappes, précise-t-elle.
Si le secteur de Saint-Damien est celui qui avait été davantage touché dans le passé, sa présence semble vouloir s’étendre, observe-t-on. Des foyers d’infestation ont été remarqués dans le passé à Saint-Lazare, Buckland, Saint-Zacharie, Saint-Sylvestre, Lévis et Beaulac-Garthby. « Il y a 12 municipalités en Chaudière-Appalaches où nous avons des occurrences connues. Les territoires de Saint-Patrice-de-Beaurivage, Sainte-Louise, Saint-Janvier et Laurier-Station, se sont notamment ajoutés au cours de la dernière année », ajoute Jean-Pierre Faucher, directeur de l’Agence des Appalaches.
Mme Préfontaine-D’Astous rappelle que sa prolifération affecte la régénération forestière. « À long terme, ça pourrait mettre en péril nos investissements sylvicoles, la valeur récréative de nos forêts, celle des lots boisés et potentiellement le potentiel acéricole. Les semis ont une survie qui est réduite et les terres deviennent propices au nerprun, plutôt qu’aux espèces qu’on aimerait voir. »
Fait particulier, sa présence sur le terrain est possiblement due à l’humain, alors que certains centres horticoles en font même la promotion. « Il n’y a pas de règlementation au Québec », indique Jean-Pierre Faucher. « On peut la retrouver dans certaines pépinières ou dans des centres jardins, alors que c’est une plante envahissante. Rien ne contrôle ça. L’UPA, les organismes de bassins versants, certaines MRC et le milieu municipal devraient participer à un groupe de travail éventuellement. »
Un effort à maintenir
La démarche, réalisée de 2022 à juin 2024, visait aussi à dresser un portrait de la situation et former les conseillers forestiers pour qu’ils puissent contribuer sur le terrain. L’occasion a aussi permis de sensibiliser les propriétaires de lots boisés sur la présence de ces plantes envahissantes. « Avec le temps, on espère obtenir davantage d’informations sur l’ensemble du territoire. C’est un travail régional », insiste M. Faucher.
Il y aura une suite, assure-t-il. « On fait une démarche régionale pour partager nos ressources, nos efforts et nos observations sur le terrain. Il faut poursuivre la sensibilisation, mais surtout la lutte que l’on souhaite mettre en marche. Le nerprun peut se retrouver partout. Il colonise les bords de cours d’eau, la forêt, les bords de route, les milieux humides aussi. »
Il n’écarte pas qu’une offensive semblable à celle des organismes de bassins versants, contre la berce du Caucase et la renouée du Japon, soit nécessaire. « C’est amorcé, sauf que l’on cherche un peu comment articuler tout ça. Ça n’existe pas encore ailleurs. L’envahissement n’est pas encore majeur chez nous, alors c’est le temps d’agir pour le contrôler », estime-t-il.