L’humoriste politically correct
HUMOUR. Homme sérieux à la première approche, Daniel Lemire ne manque pas, avec son rire en coin légendaire de nous sortir une réplique drôle et sensée à travers ses stand-up et tous ses personnages, de Yvon Travailler à l’oncle Georges.
M. Lemire le souligne bien, l’oncle Georges – qui s’adressait aux spectateurs comme à des enfants – a vieilli avec son créateur et son public, mais sans perdre de ses répliques mordantes.
« L’oncle Georges s’est renouvelé, il est devenu influenceur (rire), cela tombe dans pas mal dans ses cordes. Personnellement, je trouve que c’est un métier étrange, mais bon, l’oncle Georges est un influenceur relativement politically correct (rire). Il est grinçant, il dit tout ce qui lui passe par la tête, il dit tout haut ce que bien des gens pensent tout bas »
Ce ne sont pas tous les artistes qui peuvent se vanter de se tenir devant une salle comble après 40 ans de métier. Daniel Lemire en est conscient et il prend le temps d’en profiter au maximum.
« Avant, nous étions cinq ou six humoristes à faire des spectacles au Québec, maintenant, il en sort cinq ou six chaque mois. »
Comme dans chacun de ses spectacles, dans ses stand-up, l’homme parle de politique, de phénomènes de société et d’actualité.
« Aujourd’hui, il est plus difficile de trouver des sujets qui amènent des gags dans l’actualité. C’est très cloisonné, tu es pour ou tu es contre. C’est blanc ou c’est noir. C’est plus dur de trouver une zone grise, c’est aussi plus délicat de se prononcer sur quoi que ce soit » , explique-t-il.
Selon lui, certaines personnes auront plus de difficulté à prendre le gag au deuxième degré et de cerner la subtilité.
« Ce n’est pas tout le monde évidemment, mais j’ai la chance d’avoir un public qui me connaît et me suit depuis longtemps. Si mon personnage donne une opinion, c’est lui qui est épais, ce n’est pas mon opinion nécessairement (rire). »
Sur d’autres sujets pour lesquels il fera moins de concessions, il ne mettra pas de gants blancs. Par exemple, le fait de ramener le débat à savoir si la terre est plate ou ronde.
« Je ne comprends pas ça, je pensais qu’on avait réglé la question avec Galilée (rire). Lorsque c’est absurde, je ne me gêne pas pour rentrer dedans comme on dit », raconte l’homme qui fait attention à ce qu’il dit, mais ne se censure pas pour autant. Il n’a rien perdu de son politically correct.
Même en entrevue, il est agréablement difficile de demeurer sérieux avec le légendaire humoriste qui garde les deux pieds sur terre. Daniel Lemire s’en vient au cégep Beauce-Appalaches, à Saint-Georges, le 5 octobre prochain.