Maîtresse de poste depuis 40 ans à Saint-Alfred
SOCIÉTÉ. À seulement 20 ans, le 24 février 1984, Lyne Bilodeau devient la maîtresse de Postes Canada au bureau de Saint-Alfred. Il se trouve dans sa résidence du rang Sainte-Marie, endroit fréquenté par une multitude de résidents sur quatre décennies.
Initialement, la maison n’incluait pas un bureau de poste. Raoul Veilleux, propriétaire d’un magasin général aujourd’hui disparu, était maître de poste de 1939 à 1974. Sa fille, Bibiane Veilleux, a pris la relève les dix années suivantes. Les services de Postes Canada, en milieu rural, sont offerts dans des commerces ou résidences si la société d’État n’a pas son propre bâtiment.
« Le maître de poste doit fournir un espace pour maintenir les services. […] Au sous-sol de ma maison, il y avait autrefois un petit casse-croûte. J’ai eu une couple de semaines pour tout reconstruire selon les normes de Postes Canada. […] Pour toutes les rénovations, il faut payer de notre poche et mettre cela sur nos impôts comme dépenses de travail », dit Mme Bilodeau.
Un métier en évolution
La formation de base, pour devenir maîtresse de poste, s’étendait sur quatre jours intensifs. Lyne Bilodeau comptait aussi sur les précieux conseils de Ghislaine Poulin, responsable du poste de Beauceville-Ouest.
« J’ai appris le métier avec le temps. Le courrier était en poste restante pour les résidents au centre du village. Depuis 1996, les cases postales aident les clients à récupérer leur courrier sur des heures élargies. Les habitants du secteur rural reçoivent le courrier par des boîtes rurales ou communautaires », explique-t-elle.
Il a fallu attendre en 2009 pour que Postes Canada informatise le bureau de Saint-Alfred. « Tous les formulaires et la compatibilité étaient remplis à la main. L’informatique, à mon grand bonheur, m’aidait à mieux gérer les opérations. Un nouveau système, plus performant, a été installé en 2019 », indique Mme Bilodeau, qui a côtoyé plusieurs facteurs dans les 40 dernières années.
Pas ennuyeux du tout
Dans la croyance populaire, travailler à un bureau de poste semble ennuyeux. Lyne Bilodeau dément ce mythe, sa profession ne se limitant pas à vendre des timbres ou trier le courrier.
« Ça prend de la débrouillardise. Il y a beaucoup de tâches dans une journée. Malgré la baisse des lettres, on distribue des publicités, le journal L’Éclaireur Progrès et beaucoup de colis. Dans le temps des Fêtes, je suis pratiquement la mère Noël », affirme-t-elle en riant.
Cet été, Lyne Bilodeau recevait un certificat de la Chambre des communes pour souligner ses 40 ans comme maîtresse de poste. « C’était une visite surprise du député (Richard Lehoux). Jean-Roch Veilleux (ex-maire de Saint-Alfred) avait soumis mon nom. J’étais contente que cet anniversaire soit souligné », mentionne cette dernière.
Âgée de 61 ans, elle souhaite prendre sa retraite dans quelques années, mais craint une chose : la disparition permanente du bureau à Saint-Alfred après son départ. Les résidents devraient alors se rendre à Saint-Victor ou Beauceville afin d’utiliser les services de Postes Canada.
« On a déjà perdu trop de choses à Saint-Alfred. Il faut garder notre village vivant et s’assurer une relève. Être maîtresse de poste, ça représente un beau défi. Je n’ai pas vu les années passer », confirme Mme Bilodeau.