Saint-Honoré-de-Shenley: changement de vocation au Havre de paix

AINÉS. AINÉS. Après plusieurs années d’incertitude en raison de la situation financière du Havre de paix, la résidence privée pour aînés (RPA) située à Saint-Honoré de Shenley est là pour rester. Elle connaîtra toutefois un important changement de vocation, alors que les propriétaires des lieux, Jessica Leroux et Évelyne Forgues, accueilleront désormais une clientèle non-autonome.

Auparavant, ce sont des résidents autonomes et semi-autonomes qui occupaient l’une des 25 chambres. Depuis la mi-octobre, le Havre de paix est devenu une ressource intermédiaire (RI) du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA). Les soins offerts seront destinés à des personnes qui ont besoin de plus de soutien qu’en RPA, mais qui restent plus autonomes que celles placées en CHSLD. Le CISSS-CA attribue les places alors que le Havre de paix est responsable d’offrir les soins.

« Un programme a été mis en place de façon temporaire par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour venir en aide aux RPA ayant des difficultés financières. Le programme prévoyait la transformation de RPA en RI ou ressource de type familial. Considérant les enjeux financiers rapportés par les exploitantes, le CISSS a fait les démarches avec le MSSS pour faire autoriser la transformation de la résidence le Havre de paix à Saint-Honoré. La transformation de la RPA en RI a pu être possible après évaluation de l’établissement et diffusion de l’avis d’intention de contracter sur le système électronique d’appel d’offres », a écrit Mireille Gaudreau, relationniste du CISSS-CA, dans un courriel transmis au journal.

La direction assure que les résidents toujours en place avant le changement de vocation n’ont pas été chassés de leur appartement. Très peu de changements, outre une diminution de coût de leur loyer, ont été perçus. Les services offerts demeurent les mêmes pour les onze occupants restants. Les résidents d’origine ont eu l’opportunité de changer de chambre avant l’arrivée des nouveaux locataires. La plupart se sont dirigés ou sont demeurés au deuxième étage, où la majorité de la clientèle autonome et semi-autonome se retrouve. Ceux avec des besoins plus particuliers ont surtout été installés au premier étage. Le gouvernement garantit le financement des places pour une période de 10 ans, avec une possibilité de renouvellement de cinq ans supplémentaires.

Plus de 1,4 M$ investis

Jessica Leroux et Évelyne Forgues n’ont reçu aucun financement pour réaliser les travaux. Elles ont financé leur projet à l’aide de leurs autres entreprises plus solides financièrement. Les propriétaires du Havre de paix possèdent d’autres RPA en Chaudière-Appalaches, dont à Saint-Prosper et Frampton. À la fin des travaux, elles estiment devoir investir plus de 1,4 M$.

Plusieurs travaux ont été réalisés au bâtiment afin de le mettre aux normes du CISSS-CA. Au cours des derniers mois, elles ont ajouté une galerie extérieure clôturée pour les résidents, changé les fenêtres et mis à jour l’électricité, la plomberie et certaines chambres. Le principal enjeu a été l’installation de gicleurs qui sera complétée dans les prochaines semaines. L’administration n’était pas éligible aux subventions gouvernementales. « Ce n’est pas la faute de personne. En devenant une ressource intermédiaire, on est tombé dans une craque du système », précisent-elles.  

Dans les 18 prochains mois, la façade extérieure sera refaite au complet. Un rafraîchissement de la peinture dans le hall principal et des corridors sera réalisé. Le mobilier sera également remis au goût du jour. La buanderie sera aménagée en salle de bain adaptée avec l’ajout d’un bain hydraulique et un bain civière. On souhaite aussi aménager un espace sensoriel, dédié aux gens avec des troubles cognitifs. « Ce n’est pas des changements qu’il aurait été possible de faire si l’on était resté une RPA », admet Mme Forgues.

Soupir de soulagement à la municipalité

Les rumeurs de fermeture de la RPA étaient nombreuses au cours des dernières années à Saint-Honoré-de-Shenley. La mairesse suppléante Karine Champagne et la relationniste du CISSS-CA sont d’avis que ce changement de vocation viendra sécuriser des places pour les aînés en perte d’autonomie de la municipalité. « L’objectif de la transformation est de pouvoir assurer la pérennité de la ressource et par le fait même de pouvoir investir dans les petits milieux comme Saint-Honoré. Cette transformation permet d’aller plus loin dans l’offre de service et de garder plus longtemps les gens dans leur municipalité et près de leur famille. C’est donc une très belle nouvelle », mentionne Mme Gaudreau. Notons que ces nouvelles places en RI garantissent une vingtaine d’emplois dans la municipalité.

« On sait que pour certaines personnes, la perte du volet autonome et semi-autonome va représenter une certaine inquiétude. Le service ne sera plus offert ici, mais on va regarder dans les prochaines années pour développer d’autres modèles et d’autres façons de faire pour permettre à des gens en début de perte d’autonomie de demeurer ici et à avoir un service adéquat. Il y a déjà des alternatives qui sont mises en place », ajoute Mme Champagne. Dans les dernières années, la résidence a eu de la difficulté à occuper la moitié des chambres. La demande d’accueil était pratiquement nulle, confirme Mme Forgues.

Pour le moment, la municipalité n’a pas contribué à ce changement de vocation au Havre de paix. « C’est à venir dans les prochaines semaines. Il y a eu des discussions, mais la décision formelle n’a pas encore été prise », mentionne le maire Dany Quirion en précisant qu’il s’agira probablement d’une contribution monétaire. « La contribution est à différent niveau. Depuis plusieurs mois, il y a un lien qui a été créé. La municipalité a été l’intermédiaire entre les propriétaires et le CISSS pour coordonner le tout », conclut Mme Champagne.