« Si on n’a pas le français, ça va être la misère »

ÉDUCATION. Une manifestation, contre le démantèlement des cours de francisation aux adultes, a rassemblé plus de 200 participants le samedi 7 décembre à Saint-Georges. Partant du centre sportif Lacroix-Dutil, ils ont marché jusqu’au bureau de Samuel Poulin, député de Beauce-Sud. 

Éric Nadeau, organisateur de la marche, enseignait la francisation depuis dix ans en Beauce-Etchemins. Le 20 novembre, il manifestait devant le bureau de Samuel Poulin avec des enseignants en francisation du Centre d’éducation des adultes Mgr-Beaudoin. Ce second rassemblement en décembre, impliquant les élèves et citoyens, restait essentiel à ses yeux.

« Vous avez fait d’énormes sacrifices pour venir ici et travailler dans notre région. Le français, c’est une clé d’intégration. Depuis le 12 novembre, elle n’existe plus. Aujourd’hui, on manifeste pour que vous puissiez continuer à apprendre le français et vous intégrer dans notre communauté », a-t-il scandé sous les applaudissements. 

Carl Gilbert, maire de Saint-Éphrem, figurait parmi les élus présents. Également directeur d’usine chez Comact, il s’est fait le porte-parole des entreprises comptant des employés immigrants. « La francisation est une étape capitale pour intégrer nos travailleurs et augmenter l’efficacité de nos entreprises », insiste ce dernier. 

Kristian Kmilo Mancil Lacuero, élève en francisation, parle d’une véritable tragédie avec la fin abrupte des cours. « On est ici pour demander plus d’actions. […] Ce n’est pas une lutte contre un gouvernement, mais un respect envers l’intégration sociale. C’est le premier pas (cours de français) pour que les immigrants puissent s’adapter à la culture québécoise. […] Si on n’a pas le français, ça va être la misère. La communication est la clé de notre société », martelait-il au micro. 

Fonds insuffisants 

Sur le territoire du Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin (CSSBE), 1468 élèves adultes n’avaient plus accès aux services en francisation. Deux jours avant cette manifestation, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) annonçait une somme de 10 M$ pour bonifier l’offre de francisation dans les centres de services scolaire. Cette aide permettrait à 5000 élèves supplémentaires, de différentes régions, d’accéder à des cours de français d’ici le 31 mars 2025.

Le montant attitré au CSSBE restait inconnu au moment d’écrire ces lignes. Éric Nadeau y soit simplement un premier pas dans la bonne direction. « Ça reste nettement insuffisant. On a beaucoup plus que quelques centaines d’élèves à franciser. Que se passera-t-il après le 31 mars ? On veut que l’improvisation s’arrête, avec un plan à long terme », dit-il. 

Rappelons que le ministère de l’Éducation exigeait le non-dépassement du financement consacré à la francisation établi en 2020-2021. Les inscriptions passaient maintenant par le guichet unique de Francisation Québec, sous la juridiction du MIFI, au lieu du CSSBE. 

« Nous venons d’annoncer des sommes importantes pour assurer la reprise de cours de francisation pour des centaines d’élèves en Beauce. Ceci vient donc répondre aux demandes des manifestants. Cette fois, les budgets alloués devront être respectés. […] L’augmentation du nombre d’immigrants dans les derniers mois en Beauce met une pression importante sur notre capacité d’accueil. Il faut le nommer. Il faut être responsable et respecter la capacité de payer de tous les Québécois », a commenté Samuel Poulin par courriel, après la manifestation du 7 décembre.