Un budget qualifié d’optimiste
FINANCES. Le gouvernement du Québec a présenté un budget déficitaire de 13,6 G$ pour la prochaine année, document marqué par les menaces tarifaires du président américain, Donald Trump.
Appelé à commenter, l’associé en fiscalité au bureau de Sainte-Marie de la firme Raymond Chabot Grant Thornton, Steeve Vachon, le qualifie d’optimiste, mais lui donne tout de même la note de passage.
D’entrée de jeu, il estime que ce budget comprend de nombreuses incertitudes. « On a pris des hypothèses de base dans lesquelles la crise tarifaire serait plutôt de courte durée et que le taux moyen qui s’appliquerait serait de 10 % au lieu de 25 % sur certains secteurs d’activités », a-t-il noté.
M. Vachon se questionne aussi sur les revenus générés par les gains en capitaux qui ont été inclus dans le budget québécois, alors que l’ancien premier ministre, Justin Trudeau, avait reporté cette mesure à l’année suivante et que les deux principaux candidats aux élections fédérales, le libéral Marc Carney et le conservateur Pierre Poilièvre, ont tous les deux indiqué qu’ils l’abandonneraient. « Il y a donc des sources de revenus incertaines », a-t-il ajouté.
De plus, il note que la croissance des dépenses se situe à 1,7 %, tandis que l’indice des prix à la consommation est au-dessus de 2 %. « Il devra y avoir un resserrement assez important », commente l’associé en fiscalité.
Le septième budget signé par le ministre des Finances, Éric Girard, prévoit également un retour à l’équilibre budgétaire en 2030. « Il y a cependant un écart réservé de 6 G$ sur trois ans qu’on ne sait pas exactement comment y arriver en date du 26 mars. Pour ces raisons, je considère le budget comme étant très optimiste et je ne suis pas convaincu que le Québec atteindra l’équilibre budgétaire en 2030 », a-t-il résumé.
La note de passage
Malgré cela, M. Vachon accorde la note de 6 sur 10 au budget Girard. « Il y a beaucoup de pression sur les finances, beaucoup d’incertitude dans l’économie, beaucoup de pression extérieure. Est-ce qu’on aurait été capable de faire mieux ? […] Faire un budget avec des imprévus comme ceux-ci, c’est quelque chose de difficile », estime-t-il.
Ce dernier voit d’un bon œil l’ajout de scénarios différents quant aux tarifs douaniers, si les tarifs sont finalement de 25 % comme le clame M. Trump. « Cela creuserait le déficit de 1 G$ à 2 G$ dans les deux prochaines années. Je crois que [M. Girard] en a profité pour dire qu’il ne peut pas tout prévoir et si jamais la situation ne se replace pas, que cela pourrait être plus difficile », a estimé M. Vachon.
Le budget comprend également ce qu’on appelle des provisions pour éventualités qui sont de l’ordre de 1,5 G$ à 2 G$ pour les cinq prochaines années. « C’est une bonne pratique que de garder un provision comptable. Le déficit de 13,6 $ comprend également un autre montant de 2 G$ qui va au Fonds des générations dans l’objectif de rembourser la dette. Mais quand je regarde de manière globale les revenus, la croissance des dépenses, les facteurs économiques externes, cela pourrait être encore plus difficile même s’il y a des prévisions dans le budget qui pourraient nous aider », a-t-il souligné.
Aide aux entreprises
Le budget comprend également des mesures d’aide aux entreprises totalisant 5,4 G$ sur cinq ans. « Il faut aider nos entreprises à garder la tête en dehors de l’eau. Elles créent des emplois et génèrent de la richesse dans nos régions. […] Mais pour l’instant, les critères n’ont pas encore été dévoilés », a-t-il conclu.