Un demi-siècle comme opérateur
Yvan Marois a pris sa retraite le 13 octobre 2023, après 50 ans à l’emploi de la scierie Clermond Hamel de Saint-Éphrem. Opérateur de machinerie lourde, il demeure modeste sur son parcours au volant de sa chère chargeuse à bois.
Natif de La Guadeloupe, Yvan Marois a été embauché chez Clermond Hamel le 11 octobre 1973. D’abord pileur de bois, il a rapidement postulé comme opérateur de loader. En amour avec ce travail, il ne l’a jamais quitté.
« Avant de construire ma maison à Saint-Éphrem, je restais chez mes oncles qui possédaient des fermes dans le village. Mon travail était de prendre les paquets de bois sciés pour les placer dans un camion de transport. Ça prenait de la patience et beaucoup de dextérité. Je passais plus de temps dans mon loader que coucher dans mon lit », se souvient M. Marois.
Communiquer dans une bulle
Au fil de sa carrière, celui-ci s’est adapté à de nombreux changements technologiques. « Quand j’ai commencé à conduire, ça se limitait à l’accélérateur, au frein et aux longs joysticks pour avancer et reculer. C’était très mécanique. Aujourd’hui, l’électronique a pris beaucoup de place. Les manettes sont hypersensibles et la conduite plus souple. Avec les tablettes, on avait accès facilement aux horaires des camions et paquets à charger », précise-t-il.
Utiliser ce type d’engin pour le chargement demandait une excellente communication entre le conducteur et le camionneur. Échapper une lourde pile de planches, se tromper dans le placement de celle-ci dans la benne, tout cela représentait un risque quotidien.
« Il fallait développer de belles relations. Certains jours, il y avait beaucoup de pression dans les chargements. C’était surtout dur l’hiver avec la neige et la glace, mais dans mon camion, je me sentais dans ma bulle. Les journées passaient rapidement », mentionne M. Marois.
Histoire de famille
Le 28 janvier 2023 marquait le 65e anniversaire d’Yvan Marois. Plutôt que de prendre sa retraite immédiatement, il a continué son travail afin d’atteindre la marque du demi-siècle chez Clermond Hamel. En pensant à son dernier quart de travail, la nostalgie lui revient à l’esprit.
« Un camionneur habitué avait demandé que je sois son dernier chargement. Plein de gens m’ont félicité à la scierie. C’était touchant. Excepté lors de l’incendie en 1981 qui a détruit le moulin, je n’ai jamais manqué le travail. J’ai créé de fortes amitiés auprès de gens que j’appelle encore aujourd’hui », confirme M. Marois.
L’esprit de famille ne s’affichait pas seulement au sens professionnel, mais également sanguin. « Nous étions quatre frères et deux beaux-frères qui travaillent à la scierie. Il reste Pierre qui prend sa retraite en 2025. Mon fils Glenn a pris ma job et Serge (un autre fils) est mécanicien là-bas », explique Yvan Marois.
Pour les mois à venir, il ne manque pas de projets. « Par exemple, je fais des travaux et de l’aménagement sur mes lots à bois. Je veux passer plus de temps avec mes six petits-enfants. En excellente santé, j’aime ça être dehors », conclut M. Marois.