Un ingénieur gestionnaire beauceron en Chine

AFFAIRES. Étienne Gendreau est un ingénieur industriel et gestionnaire originaire de Saint-Georges. Au fil des années, son travail l’a amené à redresser des entreprises en pertes financières ou sur le bord de la faillite. De 2020 à 2023, il a relevé ce même défi, mais cette fois pour une filière d’une entreprise européenne, en Chine.

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« Depuis plus de 25 ans, j’utilise toujours la même approche : plan d’action structuré, corriger à la source, mobiliser les employés pour les motiver. Tous des principes de gestion que j’ai développés avec le temps et qui fonctionnent toujours. C’est devenu plus une manière de vivre que de gérer », lance-t-il.

Partout où il a été engagé comme directeur général, l’ingénieur a su organiser une nouvelle vision pour relever une entreprise ou une manufacture, tout en conservant les gestionnaires en place et les mêmes employés.

« Lorsque j’arrivais dans une entreprise, souvent j’arrivais de l’extérieur, je ne connaissais pas le milieu, j’avais donc une vision différente, loin du secteur où tout le monde faisait pareil », explique-t-il.

« Ça prend de l’énergie, du vouloir et du courage pour utiliser une ingénierie plus forte, c’est-à-dire de développer quelque chose d’avant-gardiste avec le même produit et qui répond aux besoins du marché actuel. C’est saisir une opportunité qui donne au produit une valeur ajoutée et la rentabilité », ajoute-t-il.

Direction Shanghai

Un jour, un collègue de travail lui propose d’aller relever une filière d’une entreprise européenne basée depuis plus de 20 ans à Shanghai, en Chine, Aldes China.

« Mon intérêt n’était pas tant le redressement de l’entreprise, mais de connaître un autre pays, une autre culture et une autre façon de penser », explique l’ingénieur.

M. Gendreau tenait à arriver dans ce pays d’Asie avec un minimum de préparation.

« J’ai suivi des cours sur les valeurs chinoises. Je voulais comprendre comment les Chinois pensent, la manière de les approcher sans les insulter, connaître leur culture et leurs valeurs. Je ne suis pas arrivé dans ce pays comme un Nord-Américain qui connaissait tout ou comme un redresseur de compagnie qui allait là-bas pour leur en montrer. Mon approche a été l’inverse. J’allais les aider dans le respect des traditions et de ce qu’ils font. Je prenais le temps de les écouter pour bien les comprendre », précise-t-il.

Ainsi, par son approche, M. Gendreau a vu l’entreprise croître de plus de 40 % la première année. Malgré la pandémie qui faisait rage partout dans le monde durant ces années où il s’est expatrié, il a procédé à un remaniement complet des orientations et stratégies, selon les ambitions et les besoins réels du marché chinois. Il a coaché chaque membre de l’équipe de direction et mobilisé les équipes, tout en implantant un processus d’amélioration continue. M. Gendreau était toujours accompagné d’une interprète dans l’entreprise, une adjointe administrative qui l’informait régulièrement sur la culture chinoise.

« J’ai dû prendre des décisions excessivement difficiles, qui allaient à l’encontre de ce que les Chinois faisaient, mais ils ont constaté les profits qu’ils faisaient. Prendre des décisions qui vont à l’encontre des valeurs et d’une culture différente ont même heurté mes propres valeurs, mais je suis parvenu à quelque chose en respectant leurs valeurs ainsi que les miennes », conclut-il.