Une oeuvre de vie transformante à partir de blessures
CULTUREL. Sylvie Lavoie est une artiste en art visuel de Beloeil. Elle utilise son art afin de rejoindre d’autres femmes qui ont été victimes, comme elle, de violence. Présentement, elle expose une installation en trois temps sous le thème Les transmissions silencieuses au centre culturel Marie-Fitzbach, à Saint-Georges.
« Mon travail porte sur la violence faite aux femmes, mais ce qui m’intéresse ce sont les traumas qui se transmettent de génération en génération, surtout lorsqu’on ne veut pas que cela se transmette. Dans l’optique que ce qui n’est pas guéri se transmet. Comme mère et grand-mère, il y a longtemps que je me penche sur ce sujet-là », lance Mme Lavoie.
« Ma démarche se décline autour des chemins de réparation et de transformation des femmes. J’opte pour la prise en charge consciente de ce que nous laissons aux suivants », ajoute-t-elle.
La réparation et la transformation des blessures
Au cœur de sa recherche et création (vidéos, installations, actions performatives, rituels), l’artiste explore ses propres chemins de réparation.
« C’est parce que je me sens interpellée par mon devenir souverain que je crée des œuvres qui deviennent un espace de transmission. À travers mes installations, je parle de mon propre parcours. Je souhaite qu’elles soient une occasion concrète de réappropriation du pouvoir des femmes », raconte l’artiste.
Avec son exposition, Mme Lavoie invite le public au dialogue constructif sur le pouvoir réparateur et transformateur de l’art sur la société. Cette installation en trois temps s’accompagne d’un audioguide dont le point de départ fait déambuler au travers de photographies géantes de la lignée féminine de l’artiste. Celle-ci est remontée jusqu’à 14 générations avant elle, en 1621, à Dieppe, en France. Elle y a trouvé l’écho de ce qui s’est transmis de mère en fille depuis toutes ces générations.
« J’ai cherché l’histoire de ces femmes pour trouver ce qui était encore agissant dans ma vie actuelle. J’ai cherché dans le passé ce qui se répercute dans mon présent pour le transformer afin de changer mon avenir », explique-t-elle.
Dans un coin de la pièce, un empilement de vêtements recueillis dans une démarche d’art relationnel agit comme autant de part de soi mise de côté pour survivre à la violence. Une robe de mariée suggère la réparation de ce qui a été abîmé en soi.
Pour terminer, un photomaton, qui symbolise la transformation, invite les femmes à se photographier dans une posture de reine, c’est-à-dire de pouvoir personnel retrouvé, ce qui imprime une mémoire positive de soi. Ces photographies sont exposées dans l’espace public pour former une communauté de femmes qui gagnent en liberté et en puissance.