Véhicules électriques et hybrides : laisser le marché privé se réguler lui-même ?
ÉCONOMIE. Neil Mathieu, ex-directeur régional de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ) en Chaudière-Appalaches, sensibilise encore les citoyens aux avantages de ces voitures. Cependant, hier comme aujourd’hui, il n’apprécie pas les interventions gouvernementales dans ce domaine.
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Celui-ci est particulièrement critique envers la cible de 100 % demandée aux concessionnaires et constructeurs par Québec et Ottawa. Toutes les ventes de véhicules neufs, d’un océan à l’autre, devront être électriques d’ici 2035.
« Ce n’est pas réaliste comme quota, d’autant plus qu’ils osent changer les règles du jeu (subventions) pendant le jeu. […] Selon moi, le consommateur doit garder sa liberté de choix. C’est lui qui connait ses besoins. Nos gouvernements n’ont pas à intervenir là-dedans », dit M. Mathieu, partisan de l’autorégulation automobile.
Le Beauceron compare cette situation à l’évolution du marché informatique.
« Autrefois, les ordinateurs étaient gros et coûtaient cher. Avec les investissements privés en recherche et développement, des compagnies ont créé des machines compactes et abordables. Les constructeurs automobiles, qui veulent élargir leur marché, n’ont qu’à investir davantage s’ils ont peur de manquer le bateau », indique Neil Mathieu.
L’économie avant l’environnement
L’argument de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) est toujours mis au premier rang, lorsqu’on parle de mettre fin aux véhicules à essence. Sans rejeter cet argument du revers de la main, Neil Mathieu insiste davantage sur l’aspect économique au moment d’acheter un véhicule électrique ou hybride.
« L’électricité est moins chère que l’essence et on fait les grosses recharges à la maison. Ça demande aussi moins d’entretien au garage », mentionne-t-il.
Construire des voitures électriques représente également une source de pollution, notamment pour la fabrication des batteries. « Pendant ce temps, on continue d’importer du pétrole. Hydro-Québec ne s’est pas complètement ajusté à la demande grandissante en électricité (pour les véhicules électriques). Le marché nord-américain avance bien, mais n’est pas prêt si l’on se compare aux voitures chinoises plus performantes. Nous ne les voulons pas ici (véhicules de Chine) pour des raisons politiques », rappelle M. Mathieu.
Satisfaction mitigée chez les conducteurs électriques
L’automne dernier, CAA Canada menait un sondage auprès de 16 041 conducteurs canadiens de véhicules électriques. Leurs réponses démontraient un bilan mitigé par rapport à leurs préférences et expériences.
Parmi les faits présentés, plus de 90 % des propriétaires déclarent que le coût de recharge est avantageux. Près de quatre sur cinq (79 %) disent que le coût d’entretien est bien inférieur à celui de leur ancien véhicule à essence. Inversement, les deux tiers des conducteurs affirment que la perte d’autonomie de la batterie, par temps très froid, leur a posé des problèmes.
De plus, 69 % des répondants montraient leur insatisfaction sur la disponibilité des emplacements de bornes de recharge rapide publiques. La majorité des déplacements sont relativement courts (10 km ou moins du domicile), laissant croire à la CAA que les véhicules électriques conviennent mieux présentement aux déplacements routiniers et locaux.
Le sondage complet est disponible sur caa.ca, section Transport durable/Véhicules électriques.