Des manifestations sont prévues dans tout le Canada contre la communauté LGBTQ+

VICTORIA — Des manifestations et contre-manifestations contre et pour la communauté 2SLGBTQIA+ sont prévues mercredi, partout au Canada.

Des affiches créées par un groupe appelé «1MillionMarch4Children» indiquent que les participants «s’unissent contre l’idéologie du genre dans les écoles».

Sarah Worthman, une militante LGBTQ+ qui a aidé à organiser au moins 63 contre-manifestations à travers le pays, a déclaré que les Canadiens doivent défendre la communauté en dehors des événements de la fierté.

«Être un allié est un verbe», a-t-elle déclaré, en appelant la population à se montrer solidaire avec les personnes LGBTQ+ qui font de plus en plus l’objet de haine et de débats politiques en participant aux événements «No Space for Hate» (Pas de place pour la haine).

«Il existe cette petite, mais bruyante, minorité d’individus d’extrême droite qui pensent constamment qu’ils constituent la majorité et que tout le monde partage leur point de vue», a affirmé Mme Worthman.

Elle a indiqué qu’elle espérait que les contre-manifestations contribuent à montrer que la plupart des Canadiens sont généralement des supporters de la communauté LGBTQ+, tout en contrecarrant les messages haineux qu’ils attendent des manifestants.

«Faire ces petites choses montre qu’il y a une répression sociale, a-t-elle déclaré. Il y a un réel danger dans tout cela.»

La commissaire aux droits de la personne de la Colombie-Britannique, Kasari Govender, a qualifié les marches anti-LGBTQ+ d’ «alimentées par la haine» et a souligné que même si les manifestations pacifiques protègent la démocratie et génèrent un débat, les droits de la personne de la communauté trans et LGBTQ+ «ne sont pas sujets à débat».

Dans un communiqué publié mardi, elle a affirmé qu’une enquête menée par son bureau a montré que près des deux tiers des élèves LGBTQ+ ne se sentent pas en sécurité à l’école, contre 11 % des élèves hétérosexuels, et que les tentatives visant à les rayer des programmes scolaires sont haineuses.

Mme Worthman a soutenu que les politiciens, eux aussi, «devraient être plus bruyants» quant à leur soutien à la communauté LGBTQ+ et contre les individus qui cherchent à marginaliser davantage ses membres.

Clint Johnston, président de l’Association des enseignants de la Colombie-Britannique (BCTF), a écrit une lettre au premier ministre de la province, David Eby, pour lui faire part des préoccupations du syndicat concernant les manifestations prévues.

Il a déclaré qu’elles faisaient partie d’une attaque coordonnée contre la communauté trans et LGBTQ+.

«Ces rassemblements s’inscrivent dans le cadre d’un mouvement nord-américain qui utilise le « consentement parental » pour justifier la montée de l’homophobie et de la transphobie. Ce mouvement est inquiétant et doit être arrêté», a-t-il écrit dans la lettre.

Les enfants des écoles publiques de la Colombie-Britannique suivent des programmes concernant l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

En réponse à la lettre de M. Johnston, le premier ministre Eby a déclaré que l’école doit être un endroit où chaque élève se sent en sécurité et qu’il est bouleversant de voir la mésinformation et la désinformation utilisées pour attaquer les enfants et les jeunes vulnérables.

«Sans hésitation, je dénonce les menaces, la haine et la violence contre les communautés 2SLGBTQIA+. Nous assistons à une augmentation inquiétante des incidents où les personnes trans sont ciblées par des menaces et des violences en personne et en ligne», a affirmé M. Eby par voie de communiqué.

«Nous ne pouvons et ne devons pas rester les bras croisés devant toute forme d’intimidation. Tout dirigeant politique qui cible nos enfants et nos jeunes les plus vulnérables et à risque n’est pas du tout un leader.»

Un communiqué de la Ville de Whitehorse indique qu’elle est au courant d’une marche prévue le 20 septembre dans la ville du Yukon, et affirme que les messages anti-LGBTQ+ ciblant les membres de la communauté ne seront pas tolérés.

Les agents chargés de l’application des règlements à Whitehorse sont au courant de la marche prévue, ainsi que d’une contre-manifestation. La Ville indique que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) surveillera la situation.

Mme Govender a évoqué dans un communiqué que ceux qui veulent «protéger» leurs enfants en supprimant le soutien scolaire pour les élèves homosexuels, bisexuels, trans et autres, sont mal informés.

«En tant que parent, j’implore ceux qui pensent protéger leurs enfants: rayer les personnes 2SLGBTQIA+ de notre programme scolaire ne changera pas l’identité de votre enfant, mais cela rendra les écoles moins sécuritaires pour les personnes 2SLGBTQIA+», peut-on lire dans sa déclaration.

Les personnes trans sont devenues la cible d’une «vague de désinformation, de théories du complot et de haine», a expliqué Mme Govender.

«Il ne s’agit pas seulement de haine fondée sur l’identité de genre: ces rassemblements sont un affront à la dignité humaine, à l’expression et aux droits de chacun d’entre nous», dit-elle.

Une lettre de Mme Govender au premier ministre Eby, l’exhorte à divulguer les détails sur l’efficacité des 12 recommandations que le bureau de Mme Govender a soumises, en mars, à la province.

Les recommandations découlent d’une enquête publique qui a examiné les signalements de gestes haineux en Colombie-Britannique, etfournissent une «feuille de route sur la manière de prendre des mesures concrètes et transformatrices contre la haine», a déclaré Mme Govender.