Enquête sur la tuerie en N.-É.: témoignage d’un superviseur de la GRC le samedi soir

HALIFAX — L’un des officiers de la GRC qui a supervisé les opérations au début de la tuerie en Nouvelle-Écosse, en avril 2020, a été par la suite absent du travail pendant au moins 16 mois, affirmant qu’il avait eu du mal à répondre à des questions sur les décisions prises ce soir-là.

Le sergent d’état-major Brian Rehill, gestionnaire des risques à la Station de transmissions opérationnelles de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à Truro, a déclaré aux enquêteurs de la commission que le soutien d’autres policiers l’avait aidé depuis à tourner la page sur ces événements tragiques.

Mais au moment de son entretien avec les procureurs, le 15 janvier, dernier, il était toujours en arrêt de travail.

Dans le compte rendu de cet entretien, déposé à la commission d’enquête, le policier, qui compte 32 ans de service au sein de la GRC, a expliqué sa décision de ne pas envoyer rapidement un deuxième groupe de policiers pour assister les trois premiers dépêchés à Portapique, après les premiers signalements de coups de feu le soir du 18 avril 2020.

Les avocats des familles des victimes ont soutenu que si la GRC avait disposé d’un effectif complet de six policiers en service ce soir-là, plutôt que le minimum de quatre, et d’un système pour suivre le déplacement des agents, une deuxième équipe aurait peut-être été en mesure d’emprunter une autre route et croiser le tueur.

Le sergent Rehill a expliqué qu’il aurait pu faire l’objet de critiques s’il avait envoyé sur place une deuxième équipe et que ces policiers avaient ensuite essuyé des coups de feu.

«On m’aurait dit:  »À quoi diable tu pensais, Rehill ? Avoir deux ou trois équipes là-bas, dans la plus grande noirceur, et ils ne savent même pas où se trouve l’autre équipe? »», a-t-il expliqué aux enquêteurs de la commission.

Le sergent d’état-major a également déclaré qu’avec le recul, il aurait «probablement pu envoyer une autre équipe là-bas», avant de parler de la difficulté de revenir sur des décisions et de la détresse que cela lui avait causée ensuite.

«Je me suis beaucoup demandé si j’avais raté quelque chose qui aurait pu empêcher le tueur de quitter le secteur, si (la policière) Heidi (Stevenson) serait encore vivante, si tous ces gens à Wentworth seraient vivants», a-t-il déclaré.

Après que le tireur a tué 13 personnes à Portapique, le soir du 18 avril, il a pu quitter le secteur et il a passé la nuit à proximité de Debert, avant de reprendre sa cavale meurtrière le dimanche matin et de tuer neuf autres personnes, dont l’agente Stevenson.

Le rapport d’une enquêteuse sur la santé et la sécurité du travail a conclu qu’il y avait un «environnement de confusion» sur les rôles des premiers superviseurs de la GRC le samedi soir. L’enquêteuse Lorna MacMillan a conclu que cela enfreignait l’exigence de la GRC, en vertu du Code du travail, de s’assurer que chaque employé bénéficie de la «supervision nécessaire pour assurer sa santé et sa sécurité au travail».

Elle a également déclaré dans son rapport du 29 mars que les superviseurs de district du bureau de la GRC de Bible Hill auraient dû prendre le commandement, mais que des instructions provenaient à la fois du sergent Rehill et des superviseurs de district.

Dans son entretien avec la commission, le sergent d’état-major a aussi déclaré qu’il n’avait appris que le lendemain matin que le tueur avait une voiture de police entièrement marquée. «J’étais sous le choc quand j’ai vu la photo de la voiture de police», a-t-il déclaré aux enquêteurs.